Depuis la modernité, l'autonomie a joué un rôle central dans notre manière de concevoir l'être humain. Son respect a figuré au centre des conceptions morales dominantes - kantienne et libérale. La notion de vulnérabilité occupe depuis quelques décennies une place de plus en plus franche dans la réflexion éthique. Elle apparaît comme un instrument critique visant à interroger une anthropologie articulée autour des capacités rationnelles de l'homme et à contester la focalisation des théories morales sur la figure du sujet autonome. Chez Levinas, en bioéthique, dans les éthiques du care ou encore les réflexions chez Nussbaum à propos de la théorie rawlsienne de la justice, la prise en considération de la vulnérabilité complète et complique l'image de l'individu autonome en le replaçant dans ses modalités temporelles, relationnelles et corporelles - soulignant à la fois sa dépendance et la fragilité essentielle de ses capacités. Elle propose ainsi une perspective morale fondée sur cette conception à la fois plus complexe, plus riche et plus réaliste de ce qu'est la personne, en pensant à côté du respect de l'autonomie et ensemble avec lui, la sollicitude ou la responsabilité.
Docteur en philosophie de l'Université de Lausanne, Nathalie Maillard est chercheuse du Fonds national suisse au Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal.
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