L’équilibre, notion introuvable et omniprésente chez Spinoza. L’enfant dont le corps est « comme en équilibre » illustre le mécanisme d’imitation des affects, au coeur de la psychologie spinoziste. Mais où trouverons-nous la définition de l’équilibre ? Chez l’âne de Buridan, pris entre deux désirs strictement équivalents, et modèle du « libre-arbitre » ? Mais celui-ci n’est qu’une illusion, même si souvent les hommes ne savent plus où se tourner et flottent entre deux affects contraires, espérance et crainte, amour et haine, etc. À cet équilibre figé, s’oppose l’équilibre en mouvement, qui est un déséquilibre rattrapé. Le spinozisme procède par de fulgurantes équivalences : entre l’âme et le corps, entre Dieu et la nature, entre la puissance et le droit, la réalité et la perfection... Mais ces équivalences, quoi qu’en disent les détracteurs du spinozisme, ne sont pas de simples parallèles fixées dans un système inerte. La pensée qui les pose donne plus de poids tantôt à l’un, tantôt à l’autre des plateaux du balancier, de manière à produire en nous l’équilibre de l’âme, « l’équanimité » qui fait droit à la double postulation de la raison : connaître le monde dans sa nécessité, prendre la mesure de notre puissance d’agir. Cet ouvrage tente de penser, à partir de quelques figures exemplaires et sans souci de systématicité, cette économie pendulaire qui fait que « l’automate spirituel » que nous sommes peut pratiquer et vivre le spinozisme, et l’aimer.
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