lundi 30 décembre 2024

Emmanuel Cherrier, Pierre-Alexis Delhaye, Serge Deruette, Stéphane François (dir.) : Neuvième art, pouvoirs et politique

PU de Valenciennes - Décembre 2024


Parmi tous les genres artistiques dont les relations à la res publica ont été étudiées par les sciences humaines, il en est un qui souffre encore d’un grand manque d’approfondissement : la bande dessinée. Cette déficience a longtemps pu s’expliquer par la prohibition de tout caractère explicitement politique dans des publications conçues comme uniquement destinées à la jeunesse, et réputées relever d’un genre mineur peu digne d’intérêt scientifique. Or, désormais considérée comme un art à part entière, et plutôt affranchie de la censure, la bande dessinée ne cesse depuis les années 1970 d’aborder la/le politique, au point que la bande dessinée politique devienne un véritable genre. Il était donc nécessaire de se pencher sur l’ensemble des relations que la bande dessinée et l’univers politique entretiennent.
En convoquant la science politique, l’histoire, la sociologie et d’autres disciplines, ce livre explore les interactions complexes entre un genre littéraire aux formes multiples, et un univers politique dont les dimensions ne le sont pas moins. Il est ainsi susceptible d’intéresser tous ceux qui aiment aller au-delà de la seule lecture d’une BD et voient en elle autre chose qu’un simple divertissement.

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Christine Mengès-Le Pape (dir.) : La liberté, études théologiques et juridiques

Presses de l'Université Toulouse Capitole - Décembre 2024


Les travaux des journées montalbanaises de l’été 2022 ont montré la force irrésistible de la liberté qui signifie tellement la dignité inestimable de tout homme créé libre en vertu d’un droit naturel et imprescriptible. L’étude de ce principe fondamental s’inscrit ici dans l’histoire, et invite à remonter aux origines, à parcourir les multiples servitudes anciennes et présentes, de l’Occident ou d’ailleurs, pour comprendre les continuités et les ruptures d’une notion fragilisée par la subjectivité dans ses élans les plus individualistes. Le socle adamique commun aux grandes religions laisse entrevoir le mystère de son invention et de son don fait par Dieu aux hommes, pour le rachat c’est-à-dire la libération des dettes et de tout esclavage jusqu’à rendre possible l’existence juridique et de façon élargie la vie. On s’écarte dès lors des déterminations delphiques et des enchaînements prométhéens imposés par les rivalités des panthéons olympien ou autres qu’illustre le vers d’Eschyle : « Nul n'est libre, si ce n'est Zeus » !

Par des comparaisons d’ordres théologique et juridique à établir entre la notion et ses revers, les réponses à la question Qu’est-ce que la liberté ? Ont signalé des mouvements contre les dominations et vers l’amitié. Car pour en donner le sens, les récits et les théories empruntent au registre de la quête et de l’héroïsme « pour notre liberté et la vôtre ». Si la liberté se conquiert, c’est parce qu’elle rencontre des adversaires, issus de son propre absolutisme ou qui s’insinuent par des restrictions. Les allégories médiévales et les dictionnaires modernes la nomment Franc Vouloir, or sa bienfaisance ne doit jamais se confondre avec l’illusion des faux-semblants. La liberté apparaît ainsi reliée à la vérité ou à la franchise, et ici la synonymie des termes rejoint l’idée d’affranchissement. Mais jusqu’où peut-on aller ? La littérature de la dissidence raconte l’impossibilité de la pensée et de son écriture dans les lieux totalitaires ou corrompus, « puisqu’il aurait fallu y dire toute la vérité, et non pas une partie ».

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Alice Gracy, Lori Gruen : La crise animale. Une nouvelle histoire critique

 Vrin - Novembre 2024


Traduction de Anne Le Goff

Nos relations avec les animaux, exploités par les pratiques humaines et subissant la destruction de leurs environnements, sont en crise. Voici le constat dont partent les philosophes Alice Crary et Lori Gruen, constat qui nous impose, soutiennent-elles, de repenser l’éthique animale. Car la crise n’est pas seulement celle de nos relations avec les animaux et la nature mais aussi celle des outils théoriques dont nous disposons pour les penser et pour agir.

À travers sept cas d’étude qui nous font rencontrer des animaux particuliers, plongés dans une situation de crise à cause d’activités humaines, cet ouvrage original offre un panorama et une critique de l’éthique animale contemporaine et ouvre de nouvelles voies pour développer une approche philosophique qui soit théoriquement assurée et politiquement efficace. S’inscrivant dans le sillage de l’écoféminisme, les autrices montrent qu’il nous faut placer l’éthique animale au sein d’une contestation plus large des inégalités sur lesquelles s’est bâti le capitalisme, inégalités croisées qui appellent à forger entre animaux et humains de nouvelles alliances.

Alice Crary est professeure de philosophie à la New School for Social Research à New York. Lori Gruen est professeure de philosophie à la Wesleyan University, dans le Connecticut, où elle coordonne le département d'études animales. Anne Le Goff est enseignante chercheuse à l'Institut SupBiotech, à Paris.

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dimanche 29 décembre 2024

Frank Pierobon : Oscar Wilde ou l’obsession de la beauté

 Vrin - Janvier 2025


Un être vivant peut être dit beau, de même qu’une oeuvre d’art. Pour Oscar Wilde, la beauté du premier appelle à la seconde, et l’éros inhérent au désir ne prend sa véritable ampleur que dans la création, qu’elle soit picturale ou littéraire. Cette puissante dialectique se traduit par une architecture conceptuelle d’une rare sophistication philosophique, dont le Portrait de Dorian Gray manifeste les lignes de force dans le prisme chatoyant d’une fiction fantastique. C’est qu’en effet Wilde écrivain se veut davantage visionnaire qu’analyste : l’expérience de la beauté est en elle-même une vision surnaturelle et mystique dont la magie propre serait au demeurant magiquement naturelle, c’est-à-dire sexuelle. Wilde subit et revendique à la fois sa propre obsession pour la beauté qu’il voit comme le « symbole des symboles » qui « révèle tout parce qu’elle n’exprime rien ». Cette obsession de toute une vie tient autant de sa personnalité singulière que de la paranoïa farouche de l’époque victorienne à l’encontre de la chair et du plaisir, qui fait muter le désir en son autre : une rage haineuse, agressive et répressive dont la magie noire se fait encore sentir aujourd’hui. C’est ce qui transparaît, à la longue, dans ce portrait délicieusement maléfique.

Frank Pierobon enseigne à l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) à Bruxelles.

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Hicham El Mostain : Les croisades de Raymond Lulle

 Cerf - Décembre 2024


Raymond Lulle a été un pionnier et un penseur du dialogue interreligieux. D'une manière foncièrement novatrice, il est entré, dès le XIIIe siècle, en communication avec le monde musulman. On peut ainsi considérer qu'il fut le premier chrétien à avoir développé une approche exhaustive de la mission ; il a adopté des principes de communication absolument nouveaux, qui prêtent à conséquence jusqu'à aujourd'hui. De nombreux auteurs contemporains attirent aujourd'hui l'attention sur l'apologétique lullienne et sur sa relation possible au dialogue interconfessionnel moderne. Cet ouvrage propose de définir la possible contribution de Raymond Lulle aux débats contemporains sur les conditions d'instauration d'un authentique dialogue interreligieux. Il entend montrer comment Lulle invite à penser les conditions de possibilité d'une véritable rencontre entre les religions. L'étude se focalise sur la méthode apologétique et missionnaire utilisée par Raymond Lulle. Elle montre dans quelle mesure il a apporté une contribution essentielle à la relation islamo-chrétienne et influencé l'évolution de la missiologie. L'auteur se propose également d'étudier les contours de la spiritualité de Raymond Lulle et la manière dont certains facteurs missionnaires, sociaux et religieux ont influencé, non seulement sa vie personnelle, mais aussi son épistémologie et son oeuvre apologétique et évangélique. Après une formation universitaire en robotique, Hicham El Mostain s'est tourné vers la théologie et la sociologie. Il est docteur en sciences sociales et économiques et auteur de plusieurs livres. Ses recherches portent sur l'anthropologie des religions et la sociologie de la conversion religieuse.

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Magali Nachtergael (dir.) : Penser le contemporain

 Le Bord de l'eau - Janvier 2025


Penser le monde contemporain, avec les artistes, avec les chercheurs, invite à construire d’autres imaginaires et à s’aventurer sur des chemins de traverse. Régulièrement, après les longs mois d’isolement imposés par la crise sanitaire du Covid 19, artistes et chercheurs se sont retrouvés autour d’une œuvre récente pour discuter et penser ensemble le contemporain, ou plutôt, ses multiples facettes. Contre les discours tout faits, les clichés et les jugements hâtifs, la recherche prend le temps de la réflexion, s’engage sur des voies inexplorées de pensée, bref, fait preuve de créativité face aux mondes contemporains. A partir d’œuvres de la collection du Frac, avec des artistes engagés, des chercheurs qui tentent d’éclairer la complexité du présent, en s’interrogeant sur le genre, le racisme, l’exil, l’écologie, les mondes futurs et passés.
Le livre restitue ces moments d’échange pour saisir le contemporain, à travers des textes courts et des illustrations, pour rendre visible la recherche qui se fait dans les laboratoires de pensées et de création.
Les auteures

Un ouvrage conçu par Magali Nachtergael, universitaire, critique d’art, et Vanessa Desclaux, commissaire d’exposition et ancienne responsable du pôle des attentions au Frac Meca Nouvelle Aquitaine.

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Mariarosaria Taddeo : The Ethics of Artificial Intelligence in Defence

Oxford University Press Inc - Décembre 2024


With the rapid advancement of Artificial Intelligence across all sectors, each day we are faced with urgent questions around how this technology can be used safely and effectively-and nowhere are these questions more complex than in the defence sector. Mariarosaria Taddeo provides a conceptual yet applicable and systematic analysis of the issues that arise with the use of AI in defence, broadening the conversation in an underdiscussed area and offering practical recommendations for policy-makers and practitioners.
The book provides a comprehensive view of the ethical challenges around AI and explores real-world examples of how AI can be employed, including intelligence analysis, cyber warfare, and autonomous weapon systems. Centering her argument around the autonomy and learning capabilities of AI technologies, Taddeo creates a coherent ethical framework based in AI ethics and Just War theory to answer the question how can AI in defence be used for good and support policy-makers and practitioners to make informed choices when developing an ethical governance of AI in defence.

Mariarosaria Taddeo is Professor of Digital Ethics and Defence Technologies at the Oxford Internet Institute of the University of Oxford and Dstl Ethics Fellow at the Alan Turing Institute. Her work focuses on the ethics and governance of digital technologies, particularly of digital technologies used for national security and defence. She has published more than 150 papers and her work has been published in Nature, Nature Machine Intelligence, Science, and Science Robotics.

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Pierre Plottu et Maxime Macé : Pop fascisme. Comment l'extrême-droite a gagné la bataille culturelle sur internet

 Divergences - Octobre 2024


« Grand remplacement », « immigrationnisme », « bataille de civilisation »... Les mots de l’extrême droite, et par là ses obsessions racistes, ont envahi les débats politique et médiatique grâce à un intense combat mené par la fachosphère et ses troufions sur Internet. Cet écosystème coordonné, pensé et interconnecté a permis à ces « idées » de se répandre jusque dans les médias, avec l’appui de Bolloré et de ses sbires littéralement en croisade. Combien de vues se transforment en voix pour le Rassemblement national ? Comment en est-on arrivé là ? Plongée dans le « pop fascisme », cette extrême-droitisation des esprits qui joue avec les codes de la culture populaire en ligne et infiltre l’époque.

Maxime Macé et Pierre Plottu sont journalistes spécialisés dans la couverture de l’extrême droite et de sa marge radicale. Après plusieurs années en tant qu’indépendants, ils œuvrent désormais à Libération où ils animent notamment la newsletter hebdomadaire dédiée Frontal. Ce livre est leur premier ouvrage.

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samedi 28 décembre 2024

Danielle Cohen-Levinas, Perrine Simon-Nahum (dir.) : Le juste (Nouveaux colloques des intellectuels juifs)

 Hermann - Janvier 2025


Le Juste est une notion primordiale, sans laquelle aucune société démocratique ne peut advenir. Mais qu'est-ce que le Juste ? Dans ce mot, se trouve l’idée d’une percée inconditionnelle de la justice, qui engage le droit positif et la norme. Être juste requiert en chacun de nous l’exception, à laquelle l’humanité de l’homme se doit de répondre. Dire d'une chose, d'un évènement ou d'une parole qu'elle est juste, c’est déjà accueillir la singularité d’une éthique de la justice que la tradition juive nous enjoint de poursuivre : « La justice, la justice tu poursuivras, afin que tu vives » (Dt 16.20).
La publication des actes du Nouveau Colloque des intellectuels juifs consacré au thème du Juste revêt aujourd'hui une dimension particulièrement symbolique. L’épidémie du Covid en 2020, la guerre en Ukraine en 2021, les massacres du 7 octobre 2023, les catastrophes naturelles, le retour décuplé de l’antisémitisme, les menaces qui pèsent sur nos démocraties européennes nous en rappellent l'impérieuse nécessité.

Danielle Cohen-Levinas est philosophe et musicologue, professeure à l’université Paris-Sorbonne, responsable du « Collège des études juives et de philosophie contemporaine – Centre Emmanuel Levinas », chercheuse associée aux Archives Husserl de l’ENS-CNRS de Paris et à la République des Savoirs (Collège de France-ENS et CNRS).
Perrine Simon-Nahum est directrice de recherches au CNRS, professeure attachée au département de philosophie de l’ENS, membre du laboratoire République des Savoirs.

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Communications, n° 115, Danser en lutte (éd. Marie Glon et Bianca Maurmayr)

 Seuil - Novembre 2024


« Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution. » Cette phrase attribuée à Emma Goldman, dont l’un des camarades de lutte exigeait qu’elle cesse de danser, au motif qu’une activiste ne serait plus crédible si elle affichait sa passion pour la danse, résonne avec nombre de mobilisations sociales des dernières années, marquées par des danses et, plus largement, par des gestes expressifs, circulant parfois sur plusieurs continents. Ce numéro explore la façon dont ce phénomène rejoue les répertoires de la revendication sociale, à travers plusieurs études de cas : Un violador en tu camino et ses reprises de par le monde, Danza del derecho de vivir en paz au Chili, les danses nues des 400 Pueblos au Mexique, le toré dans les luttes amérindiennes au Brésil, la performance « DÉMO » durant le mouvement de Gezi en Turquie, les flashmobs « Danser encore », le twerk dans la rue au cours de manifestations féministes, les tutoriels de reggaetón dans l’espace numérique…

Les articles proposent des outils conceptuels pour penser le rapport du corps à la politique, la vulnérabilité, la non-violence, ou encore le savoir-faire « chorégraphique » des forces de l’ordre. Il s’agit ainsi d’étudier de quelle manière des danses peuvent être efficaces : d’où viennent les gestes qui les composent, que disent-ils et que font-ils ? À quels risques, aussi, leur polysémie ou leur ambiguïté exposent-elles ? On découvre alors que le fait de danser ouvre souvent, dans un mouvement social, de nouvelles luttes, de nouvelles questions, parfois de nouvelles fractures. Tout en montrant que la danse – lorsqu’elle crée des corps alertes et reliés aux autres – peut être une « technique de soi » émancipatrice, ce numéro veut donc mettre au jour les rapports de force, les paradoxes qui la traversent : à quelles conditions – dans les manifestations investissant l’espace public, mais aussi dans d’autres espaces (boîtes de nuit, réseaux sociaux, institutions médico-sociales) – danser peut-il contribuer à transformer le réel ?

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William Stern : La psychologie du témoignage (éd. Serge Nicolas)

 L'Harmattan - Janvier 2025


William Stern (1871-1938) est un psychologue et philosophe allemand qui fut à l’origine de la fondation de la psychologie du témoignage. Expérimentateur hors pair, il a pu démontrer dès 1902 que la mémoire parfaite, sans erreurs, n’est pas la norme, mais plutôt l’exception. Par ailleurs, le fait de prêter serment ne protège pas contre les faux souvenirs. Ainsi, Stern a eu le mérite d’avoir défini le cadre et les frontières de ce nouveau champ de recherche, déjà pressenti par Alfred Binet (1857-1911). Il en a systématisé les méthodes, établi les axes prioritaires d’investigation, et offert des exemples concrets de la manière de conduire des expérimentations dans ce domaine. Ses travaux, oubliés depuis lors, ont eu cependant à l’époque un impact notable chez les juristes et les psychologues allemands intéressés par les erreurs et distorsions de la mémoire.
La traduction française de plusieurs de ses articles majeurs sur la psychologie du témoignage permet de replacer la figure de Stern comme un psychologue de référence dans ce domaine.

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jeudi 26 décembre 2024

Cahiers critiques de philosophie n°29 : La philosophie comme esthétique transculturelle

 Hermann - Janvier 2025


J. Poulain et B. Cany : La philosophie comme esthétique transculturelle

N. Hurtado Ordonez : L’esthétique transculturelle

A. Fernande : Le tragique

R. Camargo : Le chemin de l’art moderne : de l’esprit à la matière

R. Triki : La critique d’art en question

B. Cany : Le théâtre platonicien de la pensée

J. Poulain : La philosophie comme esthétique de l’allégresse

S. Panov : Les échos des Lumières : machines de désir, métaphore théâtrale (…)

A. Gualandi : Art abstrait et mort de l’art dans Zeitbilder d’Arnold Gehlen

C. Del Valle Rojas : Généalogie de l’indigène (…). Critique de la raison morale, pénale et néo-libérale au Chili

J. H. Paul : La dialectique de la violence : la poïétique révolutionnaire et le théologico-politique

G. Cecchinato : Science, sagesse et art chez le premier Fichte

A. Vega : L’esthétique post-moderne à travers les trois esthétiques de J.-F. Lyotard

B. Lehfeld : La thérapeutique pragmatique de l’existence et l’anthropologie fondamentale (…)

H. Serpa : La raison privative

L. Guimaraens : L’écriture poétique comme patrimoine immatériel de l’humanité

F. Naishtat : Plis et reflets de l’histoire naturelle. Connaissance, histoire, œuvre d’art

F. Hughes : La liminalité dans l’art rupestre

W. Menon : La musique en tant qu’expression sonore (…)

C. Wulf : Au-delà des ruines de la modernité : la planète ensemble

H. Kretz : Philosophies du jugement et dialogue transculturel

I. J. Angue Medoux : La pragmatique philosophique du dialogue comme esthétique culturelle

G. Astor et M. Labbé : Un possible esthétique du vivre ensemble au présent


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Laurent Joly : Le savoir des victimes. Comment on a écrit l'histoire de Vichy et du génocide des juifs de 1945 à nos jours

 Grasset - Janvier 2025


Comment l’histoire du régime de Vichy et du génocide des juifs a-t-elle été écrite en France depuis 1945 ? Sous quelle forme, dans quel contexte et au terme de quels combats la vérité sur les crimes antisémites de Vichy s’est-elle imposée au plus grand nombre ?
C’est ce que cet essai d’histoire de l’histoire se propose d’interroger : une plongée dans l’histoire de France des années 1940 jusqu’à nos jours, à travers les livres, les polémiques de presse, les controverses intellectuelles, les films, les émissions de télévision, et aussi les politiques commémoratives et les affaires judiciaires. Laurent Joly, dans cette synthèse magistrale, raconte le récit mensonger, largement diffusé jusqu’à la fin des années 1960, fondée sur la stratégie judiciaire de Pétain et Laval, qui tentèrent de faire passer leur action criminelle pour une politique de « moindre mal » destinée à sauver les juifs français. Il révèle aussi un travail historique fondé sur les archives, élaboré par les chercheurs d’une institution unique au monde, le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC), dès 1945 ; et une approche « pacifiante » - portée par journalistes ou universitaires soucieux de « réconciliation nationale », au prix de la vérité scientifique…
Cette histoire fut racontée aussi à travers des travaux et des destins - historiens, journalistes, militants de la mémoire et hommes politiques, témoins, sur plus de cinquante ans : Léon Poliakov, Joseph Billig, Serge Klarsfeld ; Henri Michel, Robert Paxton ou Henry Rousso ; Raymond Aron, Robert Aron ou Henri Amouroux ; Josée Laval, René de Chambrun, Me Isorni ou Alfred Fabre-Luce ; Charles de Gaulle ou François Mitterrand.
La vérité sur un crime d’Etat ne peut résider dans un « juste milieu » entre le point de vue des « bourreaux » et celui des « victimes ». Ce n’est que lorsque les intermédiaires culturels, ainsi que les autorités politiques et judiciaires, ordinairement portés vers la vision « pacifiante », prennent sérieusement en compte la souffrance des « victimes » et portent un regard véritablement critique sur les justifications des « bourreaux », s’approchant ainsi de la posture scientifique des chercheurs spécialisés, que l’apaisement civique et la réconciliation nationale sont possibles.

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Doriane Moenaert, Anthony Peeters (dir.) : Représentations du monde antique. Techniques, société et croyances entre réalité et imaginaire

 PU de Louvain - Novembre 2024


« On pardonne aux temps anciens de rendre plus vénérables les origines d'une ville en faisant intervenir les dieux dans
les choses humaines » (Liv., Ab Vrbe condita, I, 0, 7) disait déjà Tite-Live. Aujourd’hui, que pense-t-on « pardonner » aux Anciens ? Quelle idée nous faisons-nous de leurs idées, comment sommes-nous influencés par leurs propres représentations de leur monde, leur propre imaginaire ? Prêtaient-ils l’oreille à de belles histoires, comme le suggère Socrate à Simias (Plat., Phaed., 110b) et prêtons-nous aujourd’hui l’oreille à leurs récits merveilleux ? Cet ouvrage interroge, à travers plusieurs contributions, les différentes représentations du monde durant l’Antiquité. Il se propose d’envisager les liens entre les représentations effectives, les techniques utilisées, les sociétés de production et les croyances qui sous-tendaient les créations représentatives. Enfin, il explore les relations entre les représentations du monde et l’imaginaire, pour questionner en filigrane notre propre imaginaire du monde antique.

Introduction
Doriane Moenaert et Anthony Peeters 1
I. Les représentations littéraires
« Quand la danse sonne sonne sonne et qu'elle guide leurs pas ».
Une analyse du bruit des pas de danse chez Homère
Élodie Kabarakis 17
Les confins de la terre comme lieux de tous les possibles.
Le cas de la reine Tomyris chez Hérodote
Arnaud Amilien 37
La Voie lactée, chemin céleste des âmes et des dieux.
Origine et évolution de ses représentations
Guillaume Delmeulle 61
Hypothesis of the Literary Italic Landscape in the I Century AD
from a GIS-based Analysis of Literary Sources
Marco Cornaglia, Giulia Cardoni, Manuela de Vivo et Roberta Lodisco 75
II. Les représentations matérielles
Quand réel et fantastique ne font qu’un. Le monde vu par les peintres
du style des chèvres sauvages
Tony Fouyer 89
Configurer le monde divin dans la sphère domestique.
À propos des panthéons miniatures en bronze de l’époque impériale
Nicolas Amoroso 109
Notes conclusives
Nicolas Amoroso et Florence Liard 129
Liste des contributeurs 135

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Jean-Marc Bryard : Les épicuriens

 Ellipses - Décembre 2024 - Pas-à-pas


Épicure (341-270) fonde l’école philosophique du Jardin en 306 av. J.-C. Il œuvrera jusqu’à sa mort à faire vivre cette communauté soudée autour du bien le plus précieux qu’est l’amitié qui n’existe sous sa forme la plus achevée que par la pratique commune de la philosophie. Cette dernière, en effet, oriente notre cheminement vers la vie heureuse, nous guérit de nos maux ou nous permet de les surmonter, ce que traduit le quadruple remède dont les prescriptions bien comprises et appliquées amènent en nous la sobriété et la tranquillité nécessaires à la vie heureuse. Il faut déjà travailler à s’affranchir de nos fausses représentations des dieux et de la mort, puis, l’esprit ainsi libéré pourra comprendre dans quelle mesure « le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse » d’une part, la douleur et la souffrance peuvent être combattues et surmontées d’autre part. Telle est la formulation synthétique du tétrapharmakos. Mais restent à analyser les décisions philosophiques dont il procède et qui ont valu à Épicure et à ses continuateurs de vives critiques souvent assorties de déformations grossières de leurs thèses qui se traduisent encore dans la signification biaisée que le sens commun attribue à l’adjectif épicurien.
Qu’est-ce qui préside à ce mot d’ordre de sobriété réfléchie qui caractérise la sagesse épicurienne ? Qu’est-ce que cela remet à sa place des mirages de la comédie humaine ? C’est ce que l’on a souhaité explorer dans cette présentation « pas à pas » de la philosophie du Jardin.

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Michel Foucault : Les Anormaux. Cours au Collège de France (1974-1975)

 Points - Novembre 2024


Édition établie sous la direction de François Ewald et Alessandro Fontana, par Valerio Marchetti et Antonella Salomoni, revue par Elisabetta Basso pour la présente édition

Prononcé au Collège de France de janvier à mars 1975, le cours sur « Les Anormaux» poursuit les analyses que Michel Foucault a consacrées depuis 1970 à la question du savoir et du pouvoir.

C’est à partir de multiples sources, théologiques, juridiques et médicales, que Foucault aborde le problème de ces individus « dangereux » qu’on appelle, au XIXe siècle, les « anormaux ». Il en définit les trois figures principales : les monstres, qui font référence aux lois de la nature et aux normes de la société, les incorrigibles, pris en charge par les nouveaux dispositifs de dressage du corps, et les onanistes, qui alimentent, depuis le XVIIIe siècle, une campagne visant à la mise en discipline de la famille moderne.

Les analyses de Foucault prennent comme point de départ des expertises médico-légales au xixe siècle, il esquisse ensuite une archéologie de l’instinct et du désir, à partir des techniques de l’aveu dans la confession et dans la direction de conscience. Il pose ainsi les prémisses de travaux qui seront repris, remaniés, réélaboré dans ses cours et ses ouvrages ultérieurs.

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lundi 23 décembre 2024

Thomas Mercier-Bellevue et Thomas Morisset (dir.) : D’une beauté trouble et mêlée. Sur l’impureté de l’expérience esthétique

 Vrin - Décembre 2024


Biaisé par le désir, incompatible avec l’utilité et inaccessible à la morale, le sentiment de beauté n’existerait que pur, c’est-à-dire non entaché par les intérêts qui structurent les autres domaines de l’existence humaine. Ce qui trouble la beauté ne ferait ainsi que la dégrader.
À rebours de ce présupposé omniprésent dans la tradition philosophique, les huit textes qui composent ce numéro prennent acte du caractère fondamentalement mêlé d’expériences qui, irréductibles à la contemplation, mobilisent pleinement le sens du beau en élaborant des façons inédites de se rapporter au sensible. En mettant à mal le dogme de la pureté et en remettant la beauté au coeur de nos préoccupations quotidiennes, les troubles qui assaillent la beauté depuis ses dehors font droit à de nouveaux personnages conceptuels dans le champ de l’esthétique : le fan, le supporter, le joueur, le fêtard… Au lieu de déplorer la dégradation de la beauté, ne faudrait-il pas penser la possibilité de son enrichissement?

Ont participé à ce volume : L. Bouvet, Th. Domenech, L. Jones, P. Leveau, St. Lleres, M. Massin, A. M. Sienicka, F. Thaury.

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Collectif : Servitudes et grandeurs des disciplines

 Gallimard - Janvier 2024


Elles et ils sont quelques-uns - philosophes, sociologues, historiens, spécialistes de la littérature - à partager d'avoir publié dans la collection NRF Essais leurs enquêtes, recherches, questions. Ils ont pratiqué au cours des trente-cinq dernières années ce à quoi la collection les invitait : la pluridisciplinarité, c'est-à-dire faire un pas d'écart, ouvrir leur domaine de recherche à d'autres, connexes ou voisins. Mais la question centrale de la discipline est des plus paradoxales. Il est exigé aujourd'hui des sciences humaines et sociales qu'elles prennent leur part dans la crise écologique, la course aux sciences cognitives et à l'intelligence artificielle notamment. Elles devraient se rassembler en un conglomérat qui puisse peser face aux sciences du vivant dont l'articulation de leurs divers domaines de recherche s'impose comme le grand modèle à suivre. Or cette pluridisciplinarité, clef des financements internationaux, entre en totale contradiction avec, à l'échelon national, les critères d'évaluation des carrières qui demeurent résolument disciplinaires. On attend de chacun qu'il creuse son sillon toujours plus spécialisé. C'est dans ce contexte qu'il nous a paru nécessaire et instructif de demander à quelques auteurs, dans le respect de leur méthode de travail et de recherche, de prendre le temps de penser la notion de discipline, telle qu'ils la conçoivent, la pratiquent et l'enrichissent.

Pierre Birnbaum, Luc Boltanski, Pierre Bouretz, Johann Chapoutot, Robert Darnton, Pascal Engel, Laurence Fontaine, Axel Honneth, Christian Jouhaud, Judith Lyon-Caen, Thomas Pavel, Philippe Roussin, Jean-Marie Schaeffer, Dominique Schnapper.

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Emmanuel Kant : La Religion dans les limites de la simple raison

 Classiques Garnier - Décembre 2024


Dans une lettre de 1793, Emmanuel Kant rappelle le projet qu'il s'est fixé dès la Critique de la raison pure (1781) : « Le plan que j'avais formé il y a déjà longtemps pour le travail qui m'obligeait dans le domaine de la philosophie pure portait sur le traitement des trois tâches suivantes : 1) Que puis-je savoir (métaphysique) ? 2) Que dois-je faire (morale) ? 3) Que puis-je espérer (religion) ? [...] Avec le livre à venir, La Religion dans les limites de la simple raison, j'ai essayé de mener à bien la troisième partie de ce plan ». Cette traduction restitue la rigueur du raisonnement kantien tout en éclairant le contexte et les enjeux d'une réflexion éthique exigeante. Elle fait ainsi paraître l'enracinement de ce traité dans le système critique du philosophe.

Laurent Gallois est rédacteur en chef des Archives de philosophie, professeur de philosophie, docteur en philosophie de Paris X-Nanterre et membre de la Société d'études kantiennes de langue française. Il a publié Le Souverain Bien chez Kant (Paris, 2008), et traduit et présenté La Raison dans l'histoire. Introduction aux leçons sur la philosophie de l'histoire de Hegel (Paris, 2011).

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Jan Patočka : Platon et l'Europe (nouvelle édition)

 Verdier - Janvier 2025


Jan Patočka nous propose un cheminement, une « tentative d’introduction aux questions générales d’orientation dans la situation présente du monde ».
Remontant aux fondements spirituels de l’Europe et aux racines mêmes de la métaphysique chez Platon, il met le thème platonicien du soin de l’âme en parallèle avec la méthode de la phénoménologie de Husserl et le questionnement renouvelé par la pensée de Heidegger.
Il s’interroge à la fois sur notre héritage et sur notre avenir. La fin de la philosophie est-elle possible ?
La philosophie – non pas celle qui s’est rendue tributaire de la science ou de la praxis révolutionnaire, mais celle des « hommes pris à la gorge par la nécessité vitale de s’expliquer avec la détresse fondamentale de la vie », l’aspiration vers la « vie bonne » dont l’Europe est issue –, la philosophie n’est-elle pas à même de nous fournir, aujourd’hui encore, un appui et une arme contre le déclin ? N’y a-t il pas un autre « engagement » que celui qui, se cantonnant dans le domaine du quotidien, s’égare fatalement, victime de prophètes antithétiques ?
S’interroger sur le sens et les possibilités de la philosophie, c’est s’interroger sur le rôle qui pourra encore revenir à l’Europe dans l’histoire. Le message de Patočka est fait de lucidité et d’espoir.

Cette nouvelle édition est augmentée de notes complémentaires, ainsi que de deux textes inédits en français.

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Clément Girardi : Ecrire avec et contre Bergson. La littérature, les lieux communs, les images

 Champion - Janvier 2025


On n’écrit plus l’histoire littéraire du premier XXe siècle en France sans accorder une place centrale à la figure et à la philosophie d’Henri Bergson, à leurs implications pour penser la littérature. On oublie cependant de reconnaître aux écrivains leur invention propre : une singulière et imprévisible manière de lire Bergson. Ce livre suit cette invention chez Jacques Rivière, Jean Giraudoux, Jean Paulhan et Albert Thibaudet. Tous posent des questions qui leur sont propres : peut-on penser la littérature comme autre chose que la production d’une différence ? De quelle écriture faut-il s’armer pour faire œuvre dans le sens du commun et de la communauté ? Ces interrogations de critiques parlent aussi de celles de créateurs, Charles Péguy et Peter Handke. S’invente autour de Bergson l’idée d’une littérature aux prises avec les catégories de l’expérience et avec la diversité des expériences. Dans une configuration strictement antimoderne, s’impose une manière de construire la communauté par les images, et de miser sur la ressource de la vision toute une réinvention de la littérature.

Ancien élève de l’École normale supérieure de Paris et docteur de Sorbonne Université, Clément Girardi est enseignant-chercheur. Ses travaux portent sur les rapports entre la non-fiction, la poésie et l’image, notamment dans le premier XXe siècle.

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David Lefebvre (dir.) : The Science of Life in Aristotle and the Early Peripatos

 Brill - Décembre 2024


This volume of fourteen essays explores the science of life in Aristotle and the Early Peripatos (Theophrastus and the Physical Problems) in its various dimensions--how the study of the soul contributes to the foundation of the science of perishable life, what is the program of this science and its main explanatory strategies, whether it is the explanation of natural generation or the relationship of the animal to its surroundings. But the authors also explore what might be, for Aristotle, the unity of life, not only that of animals and plants, but also that of celestial bodies and the Prime Mover.

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samedi 21 décembre 2024

Lora Mariat : Les Savoirs de l'invisible. De la météorologie ancienne à la philosophie platonicienne

 Classiques Garnier - Janvier 2025


Dans l'Athènes de la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., émerge une polémique contre un certain « savoir de l'invisible », qui outrepasse les limites traditionnelles du savoir humain en s'enquérant des « choses d'en haut » (μετέωρα). Qualifié par ses détracteurs de « météorologie », ce savoir est attaqué à la fois par des poètes comiques comme Aristophane (qui y voient une atteinte au domaine réservé des dieux) et par des médecins comme l'auteur d'Ancienne médecine (qui déplorent un recours croissant à des principes abstraits). Une génération plus tard, Platon s'efforce de fonder ce savoir de l'invisible sur de nouvelles bases et répond à ces attaques en proposant d'ériger une sorte d'« hyper-météorologie », qu'il appelle la « philosophie ».

Lora Mariat est professeure agrégée de philosophie et docteure de l'université de Franche-Comté. Ses recherches portent sur l'histoire de la philosophie ancienne (philosophes présocratiques et Platon) et sur les interactions de la philosophie avec d'autres champs du savoir et des techniques (médecine, comédie, rhétorique...).

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Jean-François Dortier et Vincent Citot : La marche de l'Histoire. Evolution des sociétés, cultures et idées, des clans préhistoriques au 21e

 Sciences humaines - Décembre 2024


Un livre original et captivant sur la marche de l'Histoire et des idées.
Né de la rencontre entre deux penseurs, l'un humanologue – grand curieux de l'Homme et de son histoire –, l'autre philosophe – non moins curieux et aux centres d'intérêt éclectiques –, ce dialogue sur la marche de l'histoire et des idées est captivant par le fait même que ce sont des non-historiens professionnels qui s'emparent de l'histoire, de l'histoire globale, des civilisations, des cultures, des sociétés, passées, présentes et futures – renouvelant ainsi les interprétations habituelles. Ce qui rend cet échange hors du commun et passionnant est, qu'en plus d'être érudits, Jean-François Dortier et Vincent Citot ne sont d'accord ni sur le fond ni sur la forme que prendrait cette marche.
Citons ici Vincent Citot : " Un dialogue n'est intéressant qu'en respectant une double condition : qu'il y ait du désaccord (sans quoi, l'ennui triomphe) et qu'il y ait un terrain commun d'intelligibilité (sinon, c'est stérile). Inutile de s'attarder sur le second point : Jean-François et moi avons tout de suite senti que nous creusions dans la même carrière. J'essayerai donc plutôt de résumer nos désaccords. Ils sont d'abord méthodologiques : Jean-François pense au contact des choses et se méfie des abstractions théoriques, tandis que mon penchant propre est exactement inverse. (...) Jean-François insiste sur le caractère buissonnant des explications et l'hétérogénéité des choses humaines, tandis que je tiens fermement à distinguer la règle des exceptions. Il me semble que nous avons conscience de nos biais respectifs et que le dialogue a permis en partie de les dépasser.
S'agissant du fond, et non plus de la méthode de travail, les désaccords sont tout aussi marqués : sur les oscillations (voire la cyclicité) des réalisations humaines, sur l'émergence de l'État, le rôle de la démographie dans l'histoire ou encore les conséquences de la révolution industrielle. Notre conception des temps présents et futurs n'est pas la même. (...) Au total, ce ne sont pas deux théories de l'histoire qui s'opposent, mais deux sensibilités et deux approches qui composent, qui négocient, qui argumentent, autant que faire se peut. "
Au sortir de ce livre foisonnant, dans lequel les auteurs, on l'aura compris, ne nous incitent pas à un type de pensée particulier, ce sera à chacun de se faire son idée sur la marche de l'histoire, outils en main.

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Claire Pagès : Pierre Clastres. Les sociétés contre l'État

 Amsterdam - Décembre 2024


« L’histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l’histoire de la lutte des classes. L’histoire des peuples sans histoire, c’est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l’histoire de leur lutte contre l’État. » (Pierre Clastres)

Penser les sociétés dites « primitives » non pas comme des sociétés sans État mais comme des sociétés contre l’État, telle est la révolution copernicienne opérée par Clastres dans le champ de l’anthropologie politique.
Au côté de James C. Scott et de David Graeber, Clastres est une des figures éminentes de ce qu’il est convenu d’appeler « l’anthropologie anarchiste ». Pour cette dernière, il s’agit avant tout de s’intéresser aux sociétés qui ont constitué des mécanismes de résistance à la verticalisation du pouvoir et qui se sont employées à limiter le risque de voir apparaître des institutions autoritaires et des rapports de domination.
Dans nos sociétés à État, à l’heure où les formes du contrôle étatique et de la dépossession politique se renouvellent et s’intensifient, la pensée de Clastres constitue une ressource inestimable pour qui s’interroge sur notre consentement à la domination et sur les moyens de nous rendre ingouvernables.

Claire Pagès est agrégée de philosophie, professeure à l’Université Paris Nanterre en philosophie sociale et politique et ancienne directrice de programme au Collège international de philosophie.

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