samedi 30 avril 2011

La croyance, le désir et l'action

Pierre Marie

8

Avril 2011 - PUF, Paris - Collection L'Interrogation philosophique – 16 €

S'obstiner à établir un distinguo dans le champ des conduites humaines entre celles qui seraient morales - et, à ce titre, objet exclusif de la philosophie pratique - et les autres, qualifiées de pathologiques et abandonnées de facto au médecin ou au psychologue, c'est s'obstiner à ne rien vouloir entendre des conduites humaines, quand tout un chacun sait - il en fait sans cesse l'expérience - que si nul n'est affranchi des usages, nul, non plus, n'est exonéré du symptôme, ni exempté du désir.

Que cette obstination soit le produit d'une histoire, sûrement. Mais le plus urgent est de s'en dégager en observant que toutes les conduites humaines relèvent du même modus operandi, sous réserve de bien saisir qu'elles prennent toutes leurs conditions auprès d'énoncés qui tirent leur légitimité, non d'une justification par l'observation - celle dont bénéficient nos énoncés cognitifs - mais de leur partage par une communauté ou de leur expression par une autorité, énoncés de croyance dont le pouvoir d'action est proportionnel à la rhétorique qui y est associée, comme l'exemplifient les messages publicitaires ou politiques.

Alors se découvre que ce modus operandi avait déjà été entraperçu par Aristote dans sa réflexion sur le syllogisme pratique, réflexion que l'on retrouve étonnamment sous la plume de Wittgenstein dans sa réflexion sur le rapport entre les jeux de langage et nos manières d'agir et sous celle de Lacan, dans sa réflexion sur les divers discours induisant nos conduites. Mais c'est alors à une tout autre conception de l'homme que nous sommes conviés, celle où le langage ordinaire en est le ressort et non quelque «volonté».

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Descartes, une politique des passions

Delphine Kolesnik-Antoine

7

Avril 2011 – PUF – Coll.Philosophie n°212 – 12 €

En prenant pour thème directeur la question des passions, cet ouvrage ancre la réflexion sur les gouvernants et les gouvernés dans l'anthropologie mécaniste, montre comment l'estime dévoyée de soi fomente une injustice nécessaire dont il faut partir pour repenser le vivre-ensemble de façon pragmatique, thématise l'efficacité politique d'une rhétorique soucieuse d'utiliser les affects des lecteurs en se gardant de sombrer dans la tyrannie des esprits, et interroge la fécondité d'une analyse physique de la structure des passions pour fonder une politique réaliste ne perdant jamais de vue l'idéal généreux.

Le matériau de cette étude n'est donc pas seulement à chercher dans les textes «officiels» de Descartes (le Discours de la méthode, les Méditations Métaphysiques, les Principes de la Philosophie et les Passions de l'âme), mais également dans les textes inachevés et posthumes, dans la correspondance et dans les dossiers de la Querelle d'Utrecht et de la Disquisitio Metaphysica. Car c'est exemplairement lorsque la philosophie décide de descendre dans l'arène de la polémique qu'elle manifeste sa dimension politique de part en part.

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Entretiens avec Sartre

John Gerassi

6

Avril 2011 – Grasset – 23 €

De 1970 à 1974, Jean-Paul Sartre, qui s'y était jusqu'alors toujours refusé, accepta de se confier en vue d'une biographie. Celle-ci ne vit jamais le jour, mais donna lieu à une extraordinaire série d'entretiens entre le philosophe au faîte de sa gloire et John Gerassi, fils d'un couple d'amis de longue date.

C'est un homme âgé et malade qui parle, mais ses capacités d'analyse, sa franchise, ses convictions, et surtout son humour, sont intacts. Sartre, saisi dans la vérité et le grain inimitable de sa voix, se montre tour à tour facétieux, percutant, catégorique ou rongé de doutes, enthousiaste ou mélancolique, toujours brillant. Il s'y révèle sans tabou, par-delà la légende, et aborde tous les sujets : l'enfance, la mère, la guerre, le « pacte » avec Simone de Beauvoir et les « amours contingentes », l'écriture, la drogue, l'engagement.

Demeuré inédit pendant près de quarante ans, ce document unique - plusieurs dizaines d'heures de conversation, retranscrites sur plus de 2 000 pages, dont John Gerassi a tiré les moments les plus forts - esquisse ainsi, en filigrane, l'autobiographie que Sartre n'écrivit jamais. Bilan d'un destin d'exception, c'est aussi la radiographie d'un siècle dont il fut l'un des acteurs et témoins majeurs.

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Le moment philosophique des années 1960 en France

sous la direction de Patrice Maniglier

5

Avril 2011 - PUF, Paris - Collection Philosophie française contemporaine – 35 €

Les années 1960 furent le théâtre de l'un des épisodes les plus brillants de l'histoire de la pensée philosophique en France. Elles s'ouvrirent sur le triomphe public du structuralisme, avec La Pensée sauvage de Lévi-Strauss, se continuèrent par le renouvellement du marxisme proposé par Althusser et de la psychanalyse par Lacan, et s'achevèrent avec une série d'oeuvres comme celles de Foucault, Deleuze, Derrida et Lyotard, qui ont décidé du visage de la philosophie contemporaine.

L'héritage de cette période a néanmoins été difficile, suscitant tantôt une fascination mimétique, tantôt un rejet caricatural. Depuis quelques années, les auteurs qui l'ont marquée font individuellement l'objet d'une réception savante plus mesurée et plus profonde, au risque cependant de perdre la dimension collective et transversale qui la caractérisait. Le but de cet ouvrage est de réunir certains des meilleurs spécialistes pour prendre toute la mesure de ce qui a constitué, par son intensité et son ampleur, un «moment philosophique» exceptionnel.

Il offre à la fois une traversée de quatre dimensions transversales (épistémologique, politique, esthétique et philosophique) et une relecture de quatre livres singuliers : La Pensée sauvage de Lévi-Strauss (1962), Lire Le Capital et Pour Marx d'Althusser (1965), les livres de Derrida autour de De la grammatologie (1967), et Discours, Figure de Lyotard (1971). Traversant aussi bien les mathématiques de Bourbaki que la linguistique structurale, l'anthropologie de Lévi-Strauss que la psychanalyse freudienne, le marxisme d'Althusser que celui d'Adorno, le théâtre de Brecht que le cinéma de Godard, ce livre invite à redécouvrir ce moment non pas comme un objet historique à circonscrire, mais comme un mouvement ouvert où se sont décidées certaines des tâches qui nous incombent encore, aujourd'hui.

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Esthétique et ontologie de l'oeuvre d'art : choix de textes : 1937-1969

Roman Ingarden. Pprésentation, traduction du polonais et notes de Patricia Limido-Heulot

4

Avril 2011 - Vrin, Paris - Collection Essais d'art et de philosophie- 26 €

Prendre « comme point de départ de notre recherche et de la définition de l'esthétique le fait fondamental de la rencontre ou de la communion entre l'artiste ou l'observateur et un certain objet, en particulier une oeuvre d'art », tel est le parti-pris de l'esthétique phénoménologique développée par Roman Ingarden.

Philosophe polonais et disciple d'Edmund Husserl, Ingarden envisage la relation à l'oeuvre d'art comme une expérience menée dans un échange réciproque et continu avec l'objet. Il défend ainsi une esthétique qui n'est ni purement subjectiviste en ce qu'elle n'est en rien réductible aux sentiments émotionnels d'un sujet, ni purement objectiviste en ce que les déterminations réelles et matérielles de l'oeuvre donnée exigent la participation intentionnelle du spectateur pour s'accomplir en manifestation intuitive concrète.

Objet intentionnel par excellence, l'oeuvre d'art se tient entre monde réel et monde spirituel, entre réalité et jeu imaginaire.

Elle se donne au spectateur comme une invitation à déployer son activité intentionnelle et, ce faisant, à participer à la vie de l'oeuvre à travers l'histoire de ses réceptions.

Les textes réunis ici offrent un large panorama des préoccupations esthétiques d'Ingarden. Ils présentent les principaux résultats de ses recherches théoriques concernant la nature des vécus et des objets esthétiques, ainsi que des applications concrètes des analyses ontologiques menées sur différents types d'oeuvres d'art (littérature, peinture, architecture et film).

L'ensemble des analyses ontologiques et phénoménologiques y est également toujours adossé à la question des valeurs, et de l'évaluation artistique ainsi qu'à la recherche d'un fondement objectif des valeurs.

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Figures de la rupture, figures de la continuité chez les Anciens

sous la direction de Marie-Laurence Desclos. Sandrine Alexandre, Anna Beltrametti, Marie-Laure Benzoni et al.

3

Avril 2011 - Vrin, Paris - Collection Recherches sur la philosophie et le langage- 22 €

Continuer : ne pas interrompre. Mais aussi prolonger. Continuité : ce qui est d'une seule tenue, comme la continuité des parties ; mais également : répétition incessante, enchaînement. Rompre : mettre en fragments, détruire. Mais aussi faire cesser. Rupture : solution de continuité ; mais également : division, séparation. Reste à savoir si la rupture est toujours déchirure ou désunion, et si toujours la continuité s'oppose à la séparation qui divise. Un «essaim» de questions qui devrait permettre de mieux cerner la manière dont rupture et continuité travaillent les textes épiques ou tragiques, historiographiques, biographiques ou philosophiques.

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Libelles. Agenda de la pensée contemporaine, n° 19

sous la direction de François Jullien

2

Avril 2001 – Hermann – 9,90 €

«Nous étions partis de ce constat simple : il y a de moins en moins de place, en France, pour présenter les livres de pensée et en débattre publiquement. [...] Si nous traitons principalement des livres, c'est que nous considérons qu'ils sont les chantiers où se trame et se communique le travail discret, ardu, têtu, solitaire et solidaire à la fois, de la pensée. [...] La guerre d'escarmouche que l'Agenda a engagée contre la lassitude ne fait, à vrai dire, que commencer.»

François Jullien

«On ne décide pas arbitrairement qu'une chose doit finir et la non-réconciliation est préférable à l'effacement. Le non-oubli commandera toujours contre l'amnistie instauratrice de concorde provisoire.» T. Samoyault

«J. Brunschwig [...] accepte la double caractérisation [...] des systèmes philosophiques. La totalité est un idéal régulateur, qui n'existe qu'à la manière d'une oeuvre musicale, c'est-à-dire qui se dérobe par soi à la vérité de jugement. En revanche, des portions du système [...] se prêtent à nos analyses [lesquelles] se nourrissent de sa totalité "esthétique" tout autant qu'elles lui procurent une part de consistance.» M. Rashed

«La lettre volée, ici, ce sont les chiffres, les nombres cardinaux, ce pourquoi les ancêtres préhistoriques faisaient des encoches sur des branches, ou des tas égaux de petits cailloux.» F. Kerleroux

Colère, courage, création politique. Volume 2, Six auteurs de théorie politique pour le XXIe siècle : H. Arendt, N. Busch, C. Castoriadis, C. Guillaumin, R. Ivekovic, A. Sayad

sous la direction de Marie-Claire Caloz-Tschopp

9782296545045,0-1225603

Avril 2001- L'Harmattan, Paris / ISS-UNIL, Lausanne (Suisse)- Série
Colère, courage, création politique, n° 2 – 29.50 €

Dans le volume 2, intitulé Six auteurs de théorie politique pour le XXIe siècle - H. Arendt, N. Busch, C. Castoriadis, C. Guillaumin, R. Ivekovic, A. Sayad, des textes et de courts extraits de textes de ces auteurs avec des références utiles ont été présentés. Certains de ces auteurs sont très connus, d'autres ne font pas partie de la circulation des textes, ni des débats en théorie politique. Et cela d'autant moins quand ce sont des militants et des femmes en provenance des marges, des luttes de nos sociétés. Les six auteurs sont présentés par des personnes qui les ont connus, côtoyés. Elles ont exploré les questions suivantes : Comment ces auteurs ont-ils élaboré une position d'autonomie dans leur travail ? Quelles difficultés ont-ils rencontrées ? En quoi leurs oeuvres sont importantes pour nous faire découvrir de nouveaux objets, de nouvelles démarches dans l'élaboration d'une théorie politique, d'une philosophie, de savoirs nouveaux pour nourrir notre curiosité, construire, tenir une posture de résistance dans le travail intellectuel, la formation, la recherche de toutes et de tous ?

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jeudi 28 avril 2011

Collectif : Les styles de Deleuze - esthétique et philosophie

41

Mai 2011 – Les nouvelles impressions – 24 €

En s’accordant aux multiplicités transversales de l’écriture et des opérations réflexives qui lui sont liées, le présent recueil pose le problème du style chez Deleuze suivant trois découpes connexes : entre philosophie et histoire de la philosophie, logique et esthétique, clinique et politique.
L’ensemble des études ici réunies ont en commun de référer chaque fois la stylistique deleuzienne à un concept ou un cas d’analyse précis, susceptibles d’en cerner les présupposés théoriques et le mode de fonctionnement. La multiplication des perspectives devrait ainsi permettre de dégager les jalons de ce qui, dans cette pensée en acte, s’offre précisément comme méthode et pratique singulière du style, consignant par là un style de pensée spécifique : le style-Deleuze.

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lundi 25 avril 2011

Saint Augustin : un voyage au coeur du temps. Volume 2, Le temps des commencements

Patrice Cambronne

5

Avril 2011 - Presses universitaires de Bordeaux - Collection Imaginaires et écritures – 23 €

Présentation des 3 volumes :

“Voici une introduction à la lecture de La Cité de Dieu, essentiellement centrée sur le regard d'Augustin sur le Temps de l'Histoire, l'Histoire étant comprise comme une « Quête de critères d'intelligibilité dans un Réel disloqué - voire disloquant ». Si l'occasion de ce monumental ouvrage fut le « Sac de Rome », en août 410, Augustin y songeait déjà depuis de longues années, et mit quelque quinze années à rédiger ses vingt-deux livres. C'est dire la place centrale que La Cité de Dieu occupe dans l'oeuvre et la pensée d'un des maîtres à penser de l'Occident, dont il a largement contribué à fonder l'Imaginaire. Dans les dix premiers livres - pour reprendre son propre plan -, Augustin s'attache à « revisiter » l'histoire politique et religieuse de l'Imperium Romanum, en remontant à ses plus lointaines origines légendaires ; il en reprend quelques épisodes, en évoque des figures célèbres, qu'il sera utile de situer dans leur cadre chronologique, avant de présenter les grands axes de l'Apologétique augustinienne, en considérant d'abord son contexte général, politique et religieux, en tentant ensuite d'en dégager quelques grands axes. Mais le mystère de la destinée des Empires aura besoin d'être replacé dans un ensemble infiniment plus vaste, dans un regard englobant, en une fresque extraordinaire, de la Création du monde au Jugement dernier, véritable « Légende des Siècles », déployée tout au long des douze livres suivants, ce qui fera l'objet des prochains volumes : 2 - Le Temps des Commencements et 3 - Du Temps des Promesses aux Temps de la Fin.” (Editeur)

Patrice Cambronne, Agrégé de l'Université, Docteur d'État ès Lettres et Sciences humaines (Paris IV-Sorbonne-1979), est Professeur émérite à l'Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 et membre du Lapril-Clare et de l'UMR Ausonius. Recherches essentiellement consacrées à l'Antiquité tardive et à l'Imaginaire. Publications régulières dans Eidôlon ; traduction et commentaire des Confessions de saint Augustin (Paris, Gallimard, « La Pléiade ») ; sur le thème de l'Âme et du Corps exilés : Chants d'Exil I. Mythe & Théologie mystique, et Chants d'Exil II. Histoire & Théologie mystique (Bordeaux, William Blake & Co) ; sur le Proche-Orient ancien : Gilga. mesh ou La Gloire entre la Force et le Destin, précédé de « Image, Écriture et Destin », Bordeaux, William Blake & Co.

Confucius : l'invention de l'humanisme chinois

Rémi Mathieu

4

Avril 2011 – Entrelacs - Collection Sagesses éternelles- 15 €

Confucius fut, a-t-on bien souvent dit, plus un sage qu'un philosophe. C'était se méprendre sur son ambition, quoiqu'il ne l'affichât pas si souvent. Il fut l'un par ses actes et l'autre par ses mots. En ces deux cadres, il n'eut de plus grand amour que celui qu'on accorde au genre humain, de plus grande ambition que de le hausser à l'acmé de ses talents multiples par tous moyens à sa disposition.

En son temps, les hommes de bien se tournaient vers un passé supposé fournir un idéal ; il s'attacha à rebâtir en eux les valeurs supérieurs du bien, du noble, du juste qu'il pensait incarnées dans les sages princes de jadis, dans les saints rois des premiers temps connus. Il voulut changer le monde en changeant les hommes : si le premier avait été sur la bonne voie, aurait-il tant cherché à corriger ceux-ci ?

Penseur inclassable et intemporel, Confucius inventa que tout homme est digne, car « frère des hommes ». Il sut même hisser cette dignité à un niveau que peu de penseurs en Chine dépassèrent après lui. Pour cela seul, il mérite assurément d'être pour toujours appelé « le Maître ».

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La philosophie de Deleuze

François Zourabichvili, Anne Sauvagnargues, Paola Marrati

3

Avril 2011 – PUF – Quadrige – 20 €

¤ Deleuze était-il philosophe ou simple commentateur ? Longtemps équivoque, sa notoriété est maintenant celle d'un penseur et même celle d'une figure majeure du XXe siècle philosophique. Ce volume propose une approche plurielle et non dogmatique de sa philosophie.

Le premier texte, Deleuze. Une philosophie de l'événement, par François Zourabichvili, publié il y a dix ans dans la collection « Philosophies », est augmenté d'une introduction inédite, précisant les nouveaux enjeux apparus. L'auteur aborde l'oeuvre dans son ensemble et dégage la logique d'une expérience philosophique originale : « une logique non dialectique du devenir, fondée sur l'articulation du dehors et du pli et l'émergence des concepts de multiplicité et de singularité ». Dans un deuxième texte inédit, Anne Sauvagnargues, Deleuze. De l'animal à l'art, explique en quoi l'animal est un enjeu stratégique pour Deleuze. « L'animal occupe traditionnellement en philosophie une fonction de coupure, qui polarise les clivages entre forme et matière, esprit et corps, dans les deux domaines connexes de la séparation entre humanité et animalité, mais aussi entre vie et matière. C'est par son statut anomal que l'animal entre dans les compositions de l'art. »

Le dernier texte, Gilles Deleuze. Cinéma et philosophie, par Paola Marrati, est paru dans la collection « Philosophies ». Elle rappelle que Deleuze est le premier philosophe français à avoir consacré deux ouvrages de philosophie au cinéma, à avoir pensé le cinéma dans sa singularité comme pratique artistique. « Il faut donc analyser ce que le cinéma donne à penser à la philosophie. »

Phénoménologie de l'expérience esthétique

Mikel Dufrenne

2

Avril 2011 – PUF – Coll.Epiméthée – 52 €

Parue en 1953, la Phénoménologie de l'expérience esthétique applique pour la première fois à l'esthétique l'appareil conceptuel de la phénoménologie. Elle élabore une analyse de l'oeuvre d'art et, plus largement, de l'objet esthétique, si divers et changeants qu'en soient les traits singuliers. Elle s'attache à décrire l'expérience esthétique vécue, ce moyen privilégié que nous avons d'éprouver notre présence au sensible. Elle célèbre cette forme heureuse du sentir, ce haut moment de la perception où se révèle, à la limite du pensable, la connivence originaire de l'homme et du monde.

Héritages de Franz Rosenzweig : nous et les autres

Sous la direction de Myriam Bienenstock. Contributions de Myriam Bienenstock, Bernhard Gasper, Emilia D'Antuono et al.

1

Avril – L’Eclat – Collection - Bibliothèque des Fondations – 25 €

Si l'oeuvre de Franz Rosenzweig (1886-1929) est mieux connue en France depuis les travaux pionniers d'Emmanuel Levinas, puis de Stéphane Mosès, et la traduction de son grand oeuvre, L'Étoile de la Rédemption, par Alexandre Derczanski et Jean-Louis Schlegel en 1982, des pans entiers de sa pensée restent encore à découvrir. La publication d'une partie des Actes du Congrès international «Nous et les Autres», tenu à Paris en 2009, permet d'interroger l'auteur de L'Etoile sur sa compréhension des «Autres» et sa "philosophie de l'altérité", mais aussi sur sa figuration originale «des Nous» : quand quelqu'un dit «nous», que veut-il dire ? La question, posée sur le plan philosophique et religieux, est étudiée ici jusque dans ses implications juridiques et politiques - et même intimes, tout particulièrement à travers les extraordinaires correspondances "philosophiques et amoureuses" que Franz Rosenzweig a entretenues avec Margrit "Gritli" Huessy et Eugen Rosenstock, et dont témoigne le dialogue inédit entre le corps et l'âme, dédié à Gritli, qui clôt ce volume.

Ouvertures. Myriam Bienenstock : Sartre, ou Rosenzweig ? À propos de la réception de Franz Rosenzweig en France - Steven Katz : Quelques réflexions sur Franz Rosenzweig. -

I. Nous et les Autres. Irene Kajon : Societas in exteriore homine. Le problème de la construction du «Nous» chez Rosenzweig. Wolfdietrich Schmied-Kowarzik : Différenciations du «Nous» chez Rosenzweig. - Bernhard Casper : La temporalisation «des Nous». - Heinz-Jürgen Görtz : «Le Jour du monde du Seigneur». Nous et les Autres dans la conception philosophico-théologique de Rosenzweig. - Jean-François Marquet : L'articulation des personnes dans la pensée de Franz Rosenzweig. - Donatella Di Cesare : L'expression du duel dans la Rédemption. À propos de la généalogie du «Nous» chez Rosenzweig. - Emilia D'Antuono : Entre paganisme et révélation. Généalogie de l'intersubjectivité dans L'Etoile de la Rédemption. - Myriam Bienenstock : Assimilation - dissimilation. Rosenzweig sur l'école.

II. Politiques de l'histoire. Irene Abigail Piccinini : Hermann Cohen et Franz Rosenzweig : deux modèles d'identité juive dans la pensée de Leo Strauss. - Florian Nicodème : L'événement historique : une matrice de communauté élargie ? - Robert Gibbs : La grammaire des lois. - Michael Zank : Les conceptions politiques de Rosenzweig.

III. La parole de l'amour. Sonia Goldblum : l'échec du dialogue. Figures de l'altérité dans les lettres de Rosenzweig à Margrit et Eugen Rosenstock. - Jean Greisch : «Ein schrecklich unverständliches Dreieck». Franz Rosenzweig, Margrit Huessy, Eugen Rosenstock et la genèse de L'Étoile de la Rédemption.

Inédit de Franz Rosenzweig. Le «Gritlianum». Un dialogue entre le corps et l'âme.

vendredi 22 avril 2011

La vie inséparée : vie et sujet au temps de la biopolitique

Muriel Combes

32

Avril 2011 - Ed. Dittmar, Paris - Collection Philosophie – 20 €

Entre 1976 et 1982, Michel Foucault multiplie les hypothèses et les remaniements, ainsi que les considérations rétrospectives concernant sa méthode. C'est au cours de cette période qu'il élabore la notion de biopouvoir, indiquant le moment où, autour du XVIIIe siècle, la vie - celle des individus et celle des populations - entre comme telle dans les mécanismes du pouvoir et devient ainsi un enjeu essentiel pour la politique. Cette notion, et les hypothèses qui lui sont associées quant à la nature du pouvoir moderne, constitue le point de départ du présent travail. Le postulat qui l'a guidé est que l'hypothèse d'un pouvoir sur la vie peut fournir l'axe central de ce que Foucault avait proposé dans ses derniers textes de nommer une « ontologie du présent ».

Au début des années 80, les recherches de Foucault semblent bifurquer vers le problème de la vérité et vers un questionnement portant sur l'éthique et ce qu'il commence à nommer les « pratiques de soi ». Mais au-delà de la suspension de fait de l'analyse du bio-pouvoir, ce à quoi on assiste alors n'est pas tant une simple rupture avec les problèmes qui occupaient, dans les années 70, un intellectuel impliqué dans l'invention politique, que l'élaboration d'un quadrilatère fondamental articulant les concepts de vérité, de pouvoir, de sujet et de vie.

Les commentateurs s'intéressent généralement aux trois premiers concepts, délaissant le dernier dont le statut est, il est vrai, délicat. Car son explicitation obligeait à aller dans des directions que Foucault ne voulait pas explorer, en particulier vers une reprise positive du questionnement ontologique, pour éclairer la relation entre vie et subjectivité.

C'est dans cette direction que le travail de Foucault rencontre celui de Simondon. Et que les deux peuvent se prolonger dans un questionnement concernant les modes d'inscription de la vie dans la politique. Le postulat chaque fois en jeu est que la vie ne peut jamais être conçue séparément de la subjectivité ; c'est de là que nous proposons de partir pour une élucidation politique du présent.

La lutte initiale : quitter l'empire du nihilisme

Philippe Nassif

31

Avril 2011 - Denoël, Paris – Collection  Médiations – 25 €

Un formidable hiatus existe aujourd'hui entre l'abondance des ressources matérielles et culturelles et l'humeur noire qui anime les sociétés contemporaines. Les vieilles promesses de libération issues de la pop culture sont-elles dans l'impasse ? Puisant à différentes sources de pensée, occidentales et orientales, Philippe Nassif propose une lecture radicalement nouvelle de cette crise. Le centre de nos sociétés n'est plus constitué que par une médiasphère dont le message récurrent est la jouissance immédiate. Les grandes promesses d'une lutte finale pour l'émancipation de tous ont été avalées par l'image et la consommation. Que faire ? C'est à une lutte initiale que nous invitent les temps présents : une réforme de soi comme préalable à toute utopie politique.

Philippe Nassif nous engage donc à une démarche plus intérieure mais aussi plus concrète. Dans cet essai très informé, très audacieux, qui commente aussi bien le destin de la pop culture que les fulgurances des romantiques allemands, et s'appuie avant tout sur l'expérience de la psychanalyse et du tao, il en appelle au désir plus qu'à la jouissance, au corps et au souffle plutôt qu'au pur intellect, à la voie des arts plutôt qu'à de vains slogans politiques. Et à regarder, au lieu de se lamenter éternellement, la part lumineuse de l'époque contemporaine. Là où l'ironie dépressive n'a plus cours et où des vies élevées s'expérimentent.

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Eternité et historicité

Jan Patocka

30

Avril 2011 – Verdier – 18 €

Éternité et historicité apporte, au débat entre l'existentialisme et le marxisme sur l'idée de l'homme, une contribution qui aurait mérité de prendre place dès sa rédaction, en 1947, à côté de L'existentialisme est un humanisme de Sartre, la Lettre sur l'humanisme de Heidegger et Existentialisme ou marxisme ? de Lukács.

Ce volume - un des très rares livres conçus par Patocka lui-même en tant que tels - porte l'empreinte des circonstances dramatiques dans lesquelles il a vu le jour : esquissé à l'ombre portée de la guerre à peine finie et des changements politiques alors imminents à l'Est, il s'inscrit dans le feu d'une polémique déclenchée par la publication du testament philosophique d'Emanuel Rádl, principal élève du grand humaniste que fut T. G. Masaryk. Le texte sera ensuite élargi, dans le prolongement du cours de 1947 sur Socrate, à un dialogue avec Scheler, Husserl, Heidegger, Sartre et Jaspers, mais il devra attendre jusqu'en 1987 pour connaître une première édition et vingt ans encore avant de paraître enfin sous sa forme intégrale.

Illustration et défense de la possibilité d'une « éthique réellement historique », le texte se lit aujourd'hui comme une étape essentielle sur le chemin qui conduit au « socratisme politique » du propre testament de Patocka.

jeudi 21 avril 2011

Heidegger, Aristote et Platon : dialogue à trois voix

Hadrien France-Lanord
21

Avril 2011 – Cerf - Collection La nuit surveillée – 19 €

C'est la question de la parole qui est ici en jeu, telle que Heidegger l'a méditée pour préparer la pensée à un commencement autre que le commencement grec. À cette fin, Heidegger a mené à l'époque de Être et temps un dialogue très intense avec Aristote. Ce qu'a d'exceptionnel cette rencontre, qui a marqué toute une génération d'élèves (notamment H.- G. Gadamer, H. Arendt, L. Strauss), est ici présenté de manière générale. Mais certains axes sont précisés, à travers notamment la découverte que fait Heidegger du sens que recèle la quotidienneté pour l'existence humaine. À partir de cette dimension immédiatement concrète qui a toujours échappé aux grandes visées métaphysiques, Heidegger voit poindre, en dialogue avec Aristote, une entente de la parole comme modalité éminente du rapport à autrui.
Quant au débat que Heidegger a mené avec Platon, il est aussi présenté dans ses grands traits, à travers la notion de dialogue, si chère à l'un et l'autre penseur. C'est ici le sens de la parole philosophique qui est en question, à la lumière de la tâche que Heidegger lui confère, en notre époque de nihilisme accompli, d'un voisinage avec la parole poétique.
S'appuyant sur de nombreux cours de Heidegger désormais publiés, mais peu connus, le présent livre offre également plusieurs extraits inédits en français d'un texte appartenant au corpus - encore inconnu des lecteurs français - que constituent les Traités impubliés rédigés par le penseur pendant la guerre, à l'abri de toute publicité. Ce texte sur les rapports entre poésie et philosophie permet de mesurer toute la portée éthique de l'habitation qu'aura ménagée Heidegger pour être poétiquement humain.

Derrida et la question de l'art : déconstructions de l'esthétique, suivi d'un entretien inédit avec Jacques Derrida

sous la direction de Adnen Jdey. Jean-Luc Nancy, Jean-Philippe Milet, Charles Ramond et al.

19

Avril 2011 – Ed. C. Defaut, Nantes – 26 €

La contribution de Jacques Derrida à la pensée de l'art occupe incontestablement une place toute particulière dans le champ de l'esthétique contemporaine. En alternant divers tons de réflexion et de lecture critique, le présent ouvrage tente de prendre acte de l'extrême vigueur ainsi que des paradoxes qui irriguent cette contribution. Que ce soit dans les parages de la littérature et du poème, ou depuis un démontage des logiques de l'économimésis, ou encore à partir d'une série d'histoires spectrales de l'art, c'est à même le battement syncopé de plus d'un art que les déconstructions de l'esthétique doivent être interrogées. Les différentes études qui composent ce volume, venues de spécialistes reconnus de Jacques Derrida et de philosophes ayant accompagné de près ou de loin sa démarche, s'offrent comme autant de lectures prises à angle ouvert, tournant toutes autour de la singulière idiomaticité des arts.

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L'expérience morale hors de soi

Valérie Gérard

17

Avril 2011 - PUF, Paris - Collection Pratiques théoriques – 20 €

L'expérience morale est immédiatement expérience politique. Car le monde peut rendre l'interrogation morale insensée ; il peut empêcher de vivre en accord avec soi-même, affaiblissant le sentiment d'exister. Individualiser les questions morales, c'est moraliser, souvent avec violence, des vies ainsi abstraites de leurs conditions sociales et politiques.

Pour ne pas faire de la pensée morale un instrument de normalisation, il convient de partir de l'extériorité de la vie humaine : c'est hors de soi que se trouvent les conditions d'un rapport moral à soi - qui est alors précaire. Accorder un sens à l'examen de sa propre vie, à l'attention au réel et au monde : cette disposition - qui se révèle le socle du sens moral - est relationnelle et mondaine. La réflexion éthique ne saurait assurer une vie sensée, prémunie contre la contingence.

Penser l'expérience morale, c'est alors comprendre pourquoi les hommes valorisent une telle réflexion, qui ne leur permet aucune maîtrise et qui ne dépend pas d'eux. La « philosophie morale » qui s'y essaie est d'emblée une philosophie sociale renouvelant les rapports entre la morale et la politique. D'une part, exercer un jugement moral autonome a des conditions extérieures ; d'autre part, un lien apparaît entre la destruction politique et la dépossession morale : il semble indiquer un rapport entre existence politique, puissance de vie, exigence morale et responsabilité pour le monde.

(Editeur)

Sur le concept de négligence : éloge du chiffonnier : journée d'étude # 3

organisé dans la cadre du séminaire Philosophie & anthropologie de l'art Laetitia Paviani, Manuel Reyes Mate, Victor Delestre et al. Introduction Fabien Vallos

16

Avril 2011 - Ed. Mix, Paris - Collection Les rescapés du sentiment océanique, n° 3 – 7 €

Les ouvrages de la collection «les rescapés du sentiment océanique» sont les actes des journées d'étude organisées dans le cadre du séminaire Philosophie & anthropologie de l'art à l'École des beaux-arts de Bordeaux.

La troisième journée d'étude, Sur le concept de négligence (éloge du chiffonnier), a eu lieu le 12 janvier 2011 et voulait proposer une réflexion sur le concept politique et philosophique de négligence à partir de la figure matérielle du chiffonnier, c'est-à-dire à partir de la figure convoquée par Walter Benjamin du Lumpensammler. Si la négligence est une figure insoutenable et impossible - déconstruite par le puissant concept d'épiméléia platonicien et socratique et par le concept chrétien d'acédie - est-il alors envisageable de proposer la constitution d'une réflexion autour de la possibilité politique et éthique de l'être-négligent ? Nous voudrions proposer de penser la négligence comme notre singulier advenir politique : l'être négligent n'est donc pas un être du scrupule ni un être du rituel parce que l'ens neglegens est l'être de la saisie fortuite et l'être de la saisie du non-nécessaire.

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Espace politique : fidélité, adversité, fraternité : journée d'étude # 1

organisée dans le cadre du séminaire Philosophie & anthropologie de l'art Pierre-Damien Huyghe, Fabrice Reymond, Clémentine Coupau, This is not introduction Fabien Vallos

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Avril 2011 - Ed. Mix, Paris - Collection Les rescapés du sentiment océanique, n° 1 – 7 €

Les ouvrages de la collection «les rescapés du sentiment océanique» sont les actes des journées d'étude organisées dans le cadre du séminaire Philosophie & anthropologie de l'art à l'École des beaux-arts de Bordeaux.

La première journée d'étude, Espace politique : adversité, fidélité, fraternité, a eu lieu le 24 novembre 2010 et voulait proposer que la réflexion soit ouverte à la mesure politique et éthique de notre vivre avec et de notre penser avec. Il s'agit en somme de réfléchir à l'espace politique comme lieu possible de l'oeuvre, du statut d'artiste et du contemporain. C'est pour cette raison que nous convoquons une figure distordue, un spectre du triptyque républicain, qui prend place, cette fois autour de trois figures : celle de l'adversité comme mesure possible d'un face à face dialectique, celle de la fidélité comme saisie de la figure de l'amitié qui fait que nous sommes contemporain et enfin celle de la fraternité comme le lieu économique de notre vivre avec. Ce vivre avec, la communauté, s'il est un espace éthique est alors le lieu de l'oeuvre.

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La métaphysique et son avenir

Ernest Renan - texte présenté par Goulven Le Brech

14

Avril 2011 – Ed. du Sandre – 12 €

Je vois l'avenir des sciences historiques : il est immense, et si ces grandes études triomphent des obstacles qui s'opposent à leurs progrès, nous arriverons un jour à connaître l'humanité avec beaucoup de précision. Je vois l'avenir des sciences naturelles : il est incalculable, et si ces belles sciences ne sont pas arrêtées par l'esprit étroit d'application qui tend à y dominer, nous posséderons un jour sur la matière et sur la vie des connaissances et des pouvoirs impossibles à limiter ; mais je ne vois pas l'avenir de la philosophie, dans le sens ancien de ce mot.

Ernest Renan

Arts du langage et théologie aux confins des XIe-XIIe siècles : textes, maîtres, débats

sous la direction d'Irène Rosier-Catach

12

Avril 2011 - Brepols, Turnhout (Belgique) - Collection Studia artistarum, n° 26 – 95 €

Comment sont nées les écoles parisiennes au début du XIIe siècle ? Quels ont été les maîtres et les institutions qui ont compté dans ce processus ? Quelles sont les caractéristiques particulières de la production savante à cette époque charnière ? Quels ont été les enjeux des débats de l'époque et étaient-ils en rupture ou en continuité avec celles qui les précèdent ? Un tel questionnement ne pouvait être tenté que dans une perspective pluridisciplinaire, en associant historiens, spécialistes de théologie, de philosophie, des théories du langage (grammaire, logique et rhétorique), des textes manuscrits. Le travail mené en commun a permis de formuler de nouvelles hypothèses sur cette période qui est celle de l'émergence de Paris comme centre de savoir et sur les doctrines produites à l'époque, qui allaient marquer durablement tout le Moyen Âge. Le premier ensemble de contributions brosse un bilan, synthétique et critique, sur l'état de la recherche dans les différents domaines concernés : la vie et les écrits de Guillaume de Champeaux ; les disciplines (grammaire, logique, rhétorique, théologie) ; les questions méthodologiques que pose l'étude de textes inédits, le plus souvent anonymes et non datés. Le second propose des contributions originales sur des thèmes, des auteurs, des doctrines. Le troisième présente deux dossiers de discussions : l'une autour du commentaire sur Priscien attribué à Jean Scot Erigène, l'autre sur cette question controversée qu'est l'apparition et la nature du «vocalisme». Sortent éclairés sous un jour nouveau des personnages connus, comme Anselme de Laon, Abélard, Hugues de Saint-Victor, d'autres connus mais dont la production était difficile à identifier, tels Manegold, Roscelin, Guillaume de Champeaux ou Josselin de Soissons, et également des textes obstinément anonymes, telles les influentes Glosulae super Priscianum. C'est ainsi le milieu intellectuel parisien du tournant des XIe / XIIe siècles qui se voit mieux compris, dans toute sa complexité, à partir d'études qui croisent de manière complémentaire les approches historiques, littéraires et doctrinales.

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De Nietzsche à Heidegger : l'écriture spéculaire en philosophie

Serge Botet

11

Avril 2011 – L’Harmattan – 17 €

Nous explorons dans cet ouvrage l'hypothèse que Nietzsche et Heidegger, ces deux philosophes majeurs souvent rapprochés l'un de l'autre, pourraient avoir un lien de parenté beaucoup plus profond encore qu'on ne le soupçonnait : l'écriture et la pensée spéculaire.

En effet - et c'est là un aspect majeur du renouvellement philosophique qu'ils apportent -, Nietzsche et Heidegger portent un regard réflexif sur leur propre activité consistant à philosopher, rompant ainsi avec une longue tradition où la philosophie, science souveraine, ignorait superbement les contingences de son écriture, de sa production et de sa communication.

Arrivés à un point de leur cheminement philosophique, Nietzsche et Heidegger se sont finalement retournés sur le chemin parcouru pour... se regarder philosopher. La façon de philosopher, l'écriture, le texte, les types de discours convenus grâce auxquels la philosophie existe ne vont plus de soi.

La gangue langagière où prend corps la pensée n'est pas sans incidence sur cette pensée ; elle lui est au contraire consubstantielle. C'est sur ce questionnement évident et pourtant largement éludé que Nietzsche et Heidegger se retournent et posent un regard aigu.

Cette spécularité philosophique constitue à nos yeux une révolution profonde dont nous analysons précisément les modalités chez l'un et l'autre philosophe.

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La pensée médiévale en Occident et en Orient

Yves-Marie Adeline

10

Mars 2011 – Ellipses – 18 €

« Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants... de sorte que nous voyons plus loin qu'eux » (Bernard de Chartres). Autant la philosophie antique est bien enseignée, autant la philosophie médiévale est souvent méconnue, parce qu'elle est d'une grande subtilité. Yves-Marie Adeline permet au lecteur d'en acquérir ici une connaissance synthétique claire et précise.

En outre, comme dans sa Pensée antique dont cet ouvrage constitue la suite, l'auteur n'oublie pas les autres civilisations : Byzance, où se creuse un fossé entre deux sensibilités, occidentale et orientale, de l'héritage européen ; le monde arabo-musulman, nourri du néoplatonisme découvert dans les grandes villes conquises comme Alexandrie, aboutissant à un hiatus entre la « falsafa » et la foi musulmane ; tandis que l'Inde et la Chine, pour lesquelles le concept historique d'un « Moyen Âge » n'a pas de sens, ont des principes philosophiques déjà fixés, mais cependant évolutifs.

En Occident, la philosophie ne consiste pas en un discours unique comme on le croit souvent, elle révèle au contraire des querelles opiniâtres et des positions irréconciliables. Dans les derniers siècles du Moyen Âge, la scolastique va tenter une rencontre sinon fusionnelle, du moins harmonieuse entre la raison et la foi : tentative souvent redoutable autant pour la foi que pour la raison, mais aventure audacieuse qui atteindra des sommets de l'histoire de la pensée. Après elle, la Via moderna met en lumière une conscience créatrice à la conquête du monde.

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dimanche 17 avril 2011

Réalité, pensée, universalité dans la philosophie de Xavier Zubiri

Sous la direction de Philibert Secretan

11

Mars 2011 – L'Harmattan - Collection Ouverture philosophique – 15,50 €

L'intuition centrale du grand philosophe espagnol Xavier Zubiri fut que la Réalité prime sur l'être et en est le fondement. Plus profonde que la substance, la Réalité est une force ou un pouvoir - poder de lo real -, non pas physique mais métaphysique, qui se manifeste dans la cohérence du monde, dans les dynamismes de l'histoire et dans l'absolu divin.

S'il y a une «expérience» pensée de la Réalité, elle est due à une intelligence «sentante» c'est-à-dire inséparable des sens - pas plus que la sensibilité n'est étrangère à l'intelligence. Proche de l'intuition, l'intelligence sentante appréhende la Réalité qui s'impose par sa présence immédiate. C'est alors que se manifestent les affinités de Zubiri avec la phénoménologie, hormis la réduction du réel à un «phénomène» de la conscience.

Sous les diverses modalités, du monde cosmique, de l'histoire de l'humanité, d'une religiosité omniprésente, le réel compose l'universel. L'interlocuteur privilégié de Zubiri est alors Hegel. Mais de même que la physique à laquelle se référait la métaphysique aristotélicienne dut être dépassée par la physique quantique - que Zubiri étudia en Allemagne -, il fallut dépasser le modèle de totalité que Hegel imposa par sa philosophie de l'Esprit. Le réalisme transcendantal accordé à une nouvelle physique et développé dans divers horizons d'une totalité ouverte : tels sont les enjeux majeurs de la philosophie zubirienne.

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La seconde révolution cartésienne

Jean-René Vernes

10

Mars 2011 – M’Harmattan – 7,50 €

Il est impossible d'expliquer valablement l'ordre qui régit les perceptions sans admettre l'existence d'une réalité, étrangère à la perception et que nous nommons «matière». Tel est le point de départ obligé d'une métaphysique rigoureuse, qui nous permet de sortir de notre propre conscience.

On en déduit que le monde obéit à un principe a priori de probabilité, qui est à l'origine du principe de causalité et en donne une justification partielle.

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Sens et cosmos : ruptures et continuités dans le questionnement du monde et de ses horizons

études réunies par Franck Delannoy

9

Mars 2011 - Artois Presses Université, Arras - Collection Lettres et civilisations étrangères – 23 €

Les politiques de « modernisation » semblent tenir pour une évidence la faillite de l'humanisme et de la haute culture. Rejeter avec les humanités ce qui constitue pourtant la seule source légitime de tout « ordre » humain, c'est mettre en jeu et en danger bien plus que l'existence de disciplines universitaires.

Ce livre tente, à travers les manières dont différents penseurs, anciens et modernes, ont posé le problème du « monde », de cerner et de dégager implicitement, comme par distillation, la question (Gadamer) comme le fondement logique et éthique transhistorique de toute pensée, ouverte par définition à l'altérité. Ordonné autour du concept philosophique de monde, il met plutôt l'accent sur les phénomènes de rupture et de continuité qui accompagnent la tradition à travers les réponses que nous ont légués des témoignages issus de périodes lointaines ou proches à la question du sens du monde. Du caractère intrinsèquement ouvert de la problématique du monde résulte la pluralité des concepts de monde et des mondes. Cette pluralité ne procède-t-elle pas toutefois de l'unité d'un élan ?

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La puissance de la pensée : essais et conférences

Giorgio Agamben

8

Mars 2011 - Rivages, Paris - Collection Rivages-Poche. Petite bibliothèque, n° 712 – 10,50 €

Dans La Puissance de la pensée, Giorgio Agamben a rassemblé une vingtaine d'essais écrits entre 1975 et 2004. Ce livre constitue ainsi le recueil d'articles le plus important du philosophe. Conformément à sa méthode faite de géométrie et de finesse, il propose une série de lectures qui sont autant de confrontations avec les grands figures de la tradition : de Platon à Scholem, d'Aristote à Deleuze, de Spinoza à Benjamin, de Hegel à Aby Warburg et de Heidegger à Derrida.

Regroupés en trois sections, Langage, Histoire, Puissance, ces textes sont des variations autour du concept qui occupe le centre de la réflexion d'Agamben : la puissance.

On peut lire La Puissance de la pensée comme une série d'investigations ou comme un bréviaire de méthode. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit de libérer la puissance de la tradition.

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La philosophie captive.Volume 3, Le temps des incertitudes

Jean-Paul Charrier

7

Mars 2011 – L’Harmattan – Coll. Ouverture philosophique – 26,50 €

Le troisième tome de La philosophie captive, Le temps des incertitudes, trace quelques perspectives sur les problèmes qui apparaissent au confluent des interrogations contemporaines sur le salut et sur le savoir, dans le contexte d'un «désenchantement» qui fait vaciller les vérités et proliférer les différences.

Trois sortes de discours animent les voix de la civilisation occidentale : le discours religieux, dont l'objet est le salut spirituel de chaque individu ; le discours philosophique, dont l'objet est la quête du sens de l'existence personnelle ; le discours scientifique dont l'objet est la connaissance d'un ordre dans lequel les phénomènes physiques, vivants et sociaux se nouent dans l'espace et le temps.

Or l'histoire de ces trois discours révèle que celui de la philosophie fut, par deux fois, gravement altéré, dévoyé, et contraint par des forces qui étaient étrangères à sa nature.

Une première fois, lorsque la philosophie fut soumise à n'être que «la servante de la théologie», statut que lui octroyait une communauté et une autorité extérieure à sa discipline. Une seconde fois, lorsque, après le printemps de la Renaissance, elle fut soumise au droit de regard que le pouvoir scientifique prétendit exercer sur elle dans les allées ouvertes par la révolution galiléenne et newtonienne.

Ainsi, soit qu'elle serve d'appareil rhétorique à un dogme religieux, soit qu'elle subisse l'assaut du positivisme et du scientisme, qui la réduisent à n'être que le supplément d'âme d'une technocratie planétaire, la philosophie se vit refuser son statut de discipline discursive à part entière.

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Introduction aux principes de morale et de législation

Jeremy Bentham

6

Mars 2011 – Vrin - Collection Analyse et philosophie – 32 €

L'Introduction aux principes de morale et de législation de Jeremy Bentham, paru en 1789, est un ouvrage en tout point remarquable, quoique trop méconnu aujourd'hui. Il poursuit en effet trois objets distincts mais complémentaires : définir le principe d'utilité, ce principe dont la force critique reste sensible en toute réflexion morale ; quantifier les « ressorts de l'action » qui sont au fondement de la psychologie humaine, afin de permettre le calcul utilitariste, un calcul qui n'est jamais totalement absent de la pensée éthique, économique ou sociologique ; poser les éléments nécessaires à l'établissement d'un code pénal, la classification des infractions et la théorie de la punition incitant à penser les conditions de possibilité d'une théorie générale du droit.

Ce volume n'a d'une introduction que son titre, et il est de toute évidence la matrice de toute une partie de la pensée benthamienne. S'il est vrai, comme on a pu le dire, que notre époque traverse une réversion utilitariste, la traduction de cet ouvrage en français, pour la première fois intégrale, met à disposition du lecteur un texte lucide et clair.

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La place de Jean-Jacques Rousseau dans la philosophie kantienne de l'éducation

Sourento Gambriani

5

Mars 2011 – Edition de l’Onde – 13 €

« Il fut un temps où je croyais que cela seul pouvait constituer l'honneur de l'humanité et je méprisais le peuple qui est ignorant de tout. C'est Rousseau qui m'a remis sur le droit chemin. Cette supériorité qui m'aveuglait disparaît ; j'apprends à honorer les hommes. »
Emmanuel Kant, Remarques touchant, ...

En vue de saisir la pensée kantienne dans toute sa virulence, on ne peut nullement faire abstraction de la place éminente de Jean-Jacques Rousseau dans cette philosophie qui ne cesse pas à marquer, à définir et à poser des jalons de la pensée moderne. À cet égard, si le Genevois communique les grandes leçons de sa théorie de l'homme sous la guise d'une éducation, il s'agit ici non pas d'une philosophie de l'éducation mais bien plus d'une philosophie comme éducation. C'est effectivement cette thèse que Kant reprend, suit et enrichie d'une manière sui generis pour renverser l'ordre théorique mais surtout pratique de religion-moralité-devoir et libérer une fois pour toutes la morale des dogmes théologiques et finalement pour édifier une philosophie pratique comme l'éducation de l'espèce humaine. Le but de ce livre est de jeter quelques lumières sur la place sans pareil de Jean-Jacques Rousseau dans la philosophie kantienne de l'éducation.

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Le fardeau du monde : de la consolation

Michel Guérin

3

Mars 2011 – Encre marine – 35 €

Si les hommes ont toujours été tentés de chercher une consolation pour soulager leur misère ou endiguer l'absurde, il semble que ce pressant besoin n'ait fait que grandir aux époques modernes.

Ce livre étudie la configuration du thème chez Schopenhauer et Nietzsche, tous deux légataires ambigus d'un Kant qui n'aura sublimé le vouloir qu'à l'ordonner à la loi. Chez les deux auteurs, la consolation apparaît comme le point où se nouent l'existence et la pensée. Nietzsche entreprend, dès La Naissance de la tragédie, de retourner le sens du terme. L'art, pour lui, ne console pas de la vie, il l'exalte et lui rend justice. De palliative, la consolation devient consentement à toute l'existence. Le problème est de savoir si cette opposition est aussi tranchée qu'on le dit parfois : la pensée de l'éternel retour, censément affirmative, n'enveloppe-t-elle pas aussi, autant et plus qu'elle ne la dénie, une horreur qui pétrifie ?

Dans le sillage de précédentes recherches, Michel Guérin s'emploie, en analysant de près les textes de Kant, Schopenhauer et Nietzsche, à élaborer la Figure de ce qu'il appelle le vouloir fou - à la fois perdu, déboussolé et enivré de son propre prodige. Ce drame structure à ses yeux la pensée moderne et demeure irrésolu à l'ère, qu'à tort ou à raison, on appelle « postmoderne ». Comment, en somme, articuler dans une expérience singulière l'ambition d'un sens et la gestion accidentée d'une puissance insatiable et orpheline ?

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vendredi 15 avril 2011

Doxologie : essai sur la connaissance

Mats Rosengren

70

Mars 2011 – Hermann - Collection Philosophie – 18 €

« Quel sens donner au fait que toute connaissance - qu'il s'agisse de notions théoriques ou d'acquis pratiques - ne constitue que notre connaissance ? » Comment parler de Vérité, lorsque tous les « savoirs » humains se révèlent être éphémères, composites et parfois contradictoires ? Telle est l'interrogation fondamentale que se pose Mats Rosengren.

Tout en procédant à une évaluation, dans leur antinomie classique, des termes doxa (ce que nous pensons des choses et de nous-mêmes) et épistémè (ce qu'il en est dans la réalité), et en soutenant que toute connaissance est intrinsèquement doxique, il montre la nécessité d'élaborer une autre forme d'apprentissage de la connaissance : une doxologie.

Pour établir un nouveau rapport de l'homme à ses activités cognitives, Mats Rosengren fait ainsi évoluer sa réflexion entre réalité, interprétation, connaissance et savoir. Avec pour point de départ le principe de l'homo mensura de Protagoras qui stipule que « L'homme est la mesure de toutes choses », l'auteur réfléchit sur le concept de connaissance et aboutit à un compromis entre le dogmatisme radical et le relativisme le plus complet : une approche doxique de la vérité et de la connaissance au niveau rhétorique.

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Rousseau, Kant, Goethe : deux essais

Ernst Cassirer

58

Mars 2011 - Ed. modulaires européennes, Fernelmont (Belgique) - Collection Transversales philosophiques – 26 €

Depuis les années 1960, Gilbert Durand a fondé et développé une méthodologie et une épistémologie novatrices de l'étude des imaginaires individuels et culturels qui ont inspiré une Ecole de Grenoble, qui n'a cessé d'essaimer à travers un grand nombre de centres de recherches en France et dans le monde. Sa pensée, connue à travers la mythocritique et la mythanalyse, enrichie par une vaste culture historique (des religions gnostiques aux sciences micro-physiques) et pluriculturelle (du Brésil à la Chine), a été appliquée dans les domaines les plus divers des sciences humaines et sociales. Loin d'être un système clos, son oeuvre a inspiré une épistémologie ouverte qui a permis, sur la base des acquis fondamentaux, de se préciser, de s'adapter à des champs nouveaux, de recevoir les apports d'autres écoles, courants ou traditions culturelles.

Les contributions ici rassemblées permettront de mieux situer l'émergence de la problématique de l'imaginaire dans différentes disciplines ou champs d'études, de présenter les innovations théoriques apportées par l'anthropologie de l'imaginaire de G. Durand, d'illustrer les innovations qu'elles auront permises, d'amorcer des éléments de prospective pour les chantiers actuellement en cours d'exploration.

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Variations sur l'imaginaire : l'épistémologie ouverte de Gilbert Durand : orientations et innovations

sous la direction de Yves Durand, Jean-Pierre Sironneau, Alberto Filipe Araujo

60

Mars 2011 - Ed. modulaires européennes, Fernelmont (Belgique) - Collection Transversales philosophiques – 26 €

Depuis les années 1960, Gilbert Durand a fondé et développé une méthodologie et une épistémologie novatrices de l'étude des imaginaires individuels et culturels qui ont inspiré une Ecole de Grenoble, qui n'a cessé d'essaimer à travers un grand nombre de centres de recherches en France et dans le monde. Sa pensée, connue à travers la mythocritique et la mythanalyse, enrichie par une vaste culture historique (des religions gnostiques aux sciences micro-physiques) et pluriculturelle (du Brésil à la Chine), a été appliquée dans les domaines les plus divers des sciences humaines et sociales. Loin d'être un système clos, son oeuvre a inspiré une épistémologie ouverte qui a permis, sur la base des acquis fondamentaux, de se préciser, de s'adapter à des champs nouveaux, de recevoir les apports d'autres écoles, courants ou traditions culturelles.

Les contributions ici rassemblées permettront de mieux situer l'émergence de la problématique de l'imaginaire dans différentes disciplines ou champs d'études, de présenter les innovations théoriques apportées par l'anthropologie de l'imaginaire de G. Durand, d'illustrer les innovations qu'elles auront permises, d'amorcer des éléments de prospective pour les chantiers actuellement en cours d'exploration.

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Le vocabulaire de Descartes

Frédéric de Buzon, Denis Kambouchner

57

Mars 2011 – Ellipses - Collection Vocabulaire de... – 8 €

En quatre ouvrages seulement (Discours et Essais de la Méthode, Méditations, Principes, Passions de l'âme - auxquels s'ajoutent toute une correspondance, quelques écrits polémiques et d'importants traités posthumes), Descartes a inscrit au coeur de son siècle une oeuvre saisissante d'audace et d'ingéniosité. Les textes philosophiques de Descartes se sont voulus parfaitement clairs : pour se rendre sensible à la puissance de l'opération cartésienne, il convient de leur accorder une attention aiguë et prolongée. Loin des lieux communs de la tradition scolaire, on pourra alors ramener les concepts cartésiens à l'expérience toujours complexe qui les sous-tend. C'est à la nature de cette expérience (avec ses coordonnées historiques), et à la définition de l'équilibre intellectuel que Descartes a partout cherché, que ce vocabulaire voudrait introduire.

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De l'Ethique de Spinoza à l'éthique médicale

Eric Delassus

55

Mars 2011 - Presses universitaires de Rennes - Collection Philosophica – 18 €

La maladie, qu'elle soit chronique ou aiguë, est souvent perçue comme une injustice ou une malédiction. La philosophie de Spinoza, parce «qu'elle enseigne comment nous devons nous comporter à l'égard des choses de fortune», peut donc être considérée comme la source d'une sagesse dont la vertu serait de vaincre ces représentations qui ne font qu'ajouter une souffrance inutile aux douleurs que nous impose le plus souvent la maladie.

Spinoza, qui fut lui-même malade une grande partie de sa vie, n'en est pas moins parvenu, selon ses biographes, à rédiger son Éthique et à vivre courageusement et sereinement sa condition. Il est la preuve par l'exemple que la maladie n'est pas nécessairement un obstacle sur la voie qui mène au salut. Ce travail tente de montrer en quoi sa philosophie n'est pas étrangère à une telle attitude.

L'esprit étant pour Spinoza «l'idée du corps», il faudrait pour progresser vers une appréhension plus sereine de la maladie, qu'il se constitue comme une idée adéquate. Or, le malade peut-il penser l'idée de son corps comme une idée claire et distincte ? Cette question est au centre de ce travail qui cherche à proposer, tant aux malades qu'à ceux qui les prennent en charge, des pistes de réflexion pour mieux vivre la maladie et pour mieux accompagner ceux qui en souffrent.

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Vulnérabilité et autonomie dans la pensée de Martha C. Nussbaum

Pierre Goldstein

53

Mars 2011 – PUF - Collection Philosophies, n° 213 – 12 €

La remise en question de l'«autonomie» du sujet ne risque-t-elle pas de saper les fondements de notre aspiration à la liberté et à l'égalité dont cette notion est porteuse ? Martha C. Nussbaum, une des grandes figures de la philosophie américaine contemporaine, nous montre qu'il est possible de réformer profondément la conception «moderne» de l'agent moral et politique dans le sens d'une meilleure prise en compte de sa vulnérabilité essentielle sans pour autant renoncer à promouvoir l'autonomie des individus. On peut trouver dans l'éthique des Anciens et à travers la théorie des «capacités» (capabilities approach) qui la réactualise les moyens de fonder et de défendre les droits réels des individus sans trahir l'esprit du rationalisme des Lumières. Nussbaum n'hésite pas à s'engager clairement par rapport à des problèmes de société actuels : droits des homosexuels, dignité des handicapés et des personnes dépendantes, pauvreté, tolérance religieuse et liberté des femmes notamment. Cette dernière question, centrale au regard de notre problème, sera l'occasion de tester finalement la cohérence de la solution qu'elle propose.

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Bréviaire de l'éternité : Vermeer et Spinoza

Jean-Clet Martin

51

Mars 2011 - Léo Scheer - Collection Variations, n° 13 – 15 €

Spinoza et Vermeer sont nés la même année, en 1632, mais le rapprochement qu'établit entre eux Jean-Clet Martin n'a rien à voir avec l'anecdote biographique, même s'il réunit au passage les indices de rencontres, voire d'une collaboration, entre le philosophe et l'artiste. Affaire de forme, de manière, de regard, leur intime parenté touche au coeur de leurs oeuvres. Au concept spinoziste de Dieu, substance unique constituée d'une infinité d'attributs, répond ainsi, dans L'Astronome de Vermeer, le rayon illuminant de mille feux le globe terrestre.

Jean-Clet Martin, dans cet essai philosophique libre, forme légère donnée à une interrogation profonde, questionne l'éternité telle qu'elle se présente quand elle rencontre le temps. Il contemple les concepts de Spinoza et médite la lumière de Vermeer pour approcher la réalité de ce qui dépasse toute réalité, et en donner, avec la modestie que nécessite toute entreprise hardie, l'abrégé, le bréviaire.

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La performance philosophique de Nietzsche

Serge Botet

50

Mars 2011 - Presses universitaires de Strasbourg – 10 €

L'oeuvre mythique qu'est le Zarathoustra de Nietzsche se trouve ici appréhendée avec un regard nouveau. Si la philosophie se veut avant tout communication d'un savoir, tout semble indiquer que le Zarathoustra cherche - en plus - à transmettre et à communiquer un vouloir. L'hymne à la vie que constitue l'opus de Nietzsche ne pouvait que chercher à instiller la vie, de par ses thématiques bien sûr (surhomme, éternel retour, volonté de puissance), mais aussi (et c'est cela qui est proprement nouveau) par sa mise en rupture avec le genre séculaire qu'est le genre philosophique, autant que par ses caractéristiques pragmatiques/communicationnelles hors normes, qui transforment cette oeuvre en un véritable «appel» au lecteur. Ces aspects discursifs et communicationnels, passablement négligés par l'exégèse nietzschéenne, font l'objet de la présente étude qui entend proposer une compréhension nouvelle de Zarathoustra, soulignant tout à la fois le champ insoupçonné ouvert à la notion d'«expérimentation» et le rôle majeur - et jusque-là méconnu dans sa portée - que Nietzsche accordait à la transmission et à l'impact de son oeuvre.

(Editeur)

mercredi 13 avril 2011

Le jeune Heidegger (1909-1926) : herméneutique, phénoménologie, théologie

édité par Sophie-Jan Arrien et Sylvain Camilleri

30

Mars 2011 – Vrin - Collection Problèmes et controverses – 28 €

“La philosophie de Heidegger ne commence pas avec Être et Temps. On trouve en amont du maître-ouvrage de 1927 une réflexion riche et autonome, dont il n'est pas exagéré de dire qu'elle forme un continent à part entière au sein de l'oeuvre. Ce recueil vise justement à présenter la pensée du «jeune Heidegger» (1909-1926) et à lui accorder toute l'attention qu'elle mérite. Coups de sonde dans les premiers écrits et les premiers cours de Freiburg et de Marburg, les études ici rassemblées laissent entrevoir une recherche absolument originale, déjà fort mature et aux singulières potentialités. Des interprétations phénoménologiques de la vie facticielle y côtoient des confrontations avec le néo-kantisme, des appels précoces à l'herméneutique, des détours subtils par la théologie et des références à la religion vécue. Plutôt que de réduire ces premiers travaux à un simple tracé menant tout droit à l'analytique existentiale du Dasein, cet ouvrage s'efforce de dévoiler leur signification et leur importance intrinsèques. Prenant en considération l'intérêt du jeune Heidegger pour le Pseudo-Duns Scot, Dilthey, Rickert, Natorp, Paul, Augustin, Aristote et Luther, il propose un aperçu de la complexité des influences et des idées qui structurent la première pensée du philosophe. Il s'agit ainsi d'ouvrir selon des perspectives plurielles un corpus pouvant non seulement donner une impulsion nouvelle aux études heideggeriennes mais également inciter à développer les possibilités du travail herméneutique, à refonder la phénoménologie et à interroger autrement la donne théologique.” (Editeur)

De l'égalité des deux sexes. De l'éducation des dames. De l'excellence des hommes

François Poulain de La Barre

29

Mars 2011 – Vrin - Collection Bibliothèque des textes philosophiques. Textes cartésiens en langue française – 30 €

François Poulain de la Barre (1647-1723) est peut-être le plus grand penseur moderne de l'égalité entre les sexes. Exemple remarquable de transgression idéologique, il passe du catholicisme au protestantisme « rationnel », de la scolastique à la philosophie nouvelle, du phallocentrisme à la philogynie. Il utilise la méthode de Descartes et sa réflexion sur l'homme pour démontrer cette égalité des sexes, aussi bien d'un point de vue physiologique que psychologique. Cette réflexion s'appuie aussi sur une généalogie de l'humanité qui discute les thèses des théoriciens du droit naturel. Relisant parallèlement des textes souvent utilisés contre les femmes (Aristote et surtout la Bible), Poulain de la Barre apparaît comme un protagoniste essentiel du travail de lecture critique des textes sacrés à l'âge classique, au même titre que Simon ou Spinoza. D'où un vaste programme de réforme sociale, qui fait de l'éducation des femmes la seule voie pour leur émancipation et qui interroge la légitimité des sources traditionnelles d'autorité (le savant, le prêtre, le noble).

Souvent cités dans les études anglo-saxonnes (aussi bien en histoire, philosophie, littérature que dans les études de genre), peu connus en France, notamment des philosophes, les trois traités féministes de Poulain de la Barre sont ici pour la première fois réunis et présentés dans leur texte intégral.

L'âge séculier

Charles Taylor

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Mars 2011 – Seuil - Collection Les livres du nouveau monde – 35 €

Il est d'usage de dire que nous, modernes Occidentaux, appartenons à un «âge séculier». Comment est-on passé d'un temps, encore proche, où il était inconcevable de ne pas croire en Dieu, à l'époque actuelle, où la foi n'est plus qu'une option parmi d'autres et va jusqu'à susciter la commisération ?

L'explication la plus courante consiste à affirmer qu'à la faveur des progrès de la connaissance, la vérité aurait triomphé de l'illusion, nous poussant à ne chercher qu'en nous-mêmes notre raison d'être et les conditions de notre épanouissement ici-bas.

En révélant les impensés de ce récit classique de la victoire des Lumières qui fait du «désenchantement du monde» la seule clé de l'énigme, Charles Taylor entreprend une enquête philosophique et historique monumentale qui renoue les liens entre l'humanisme et l'aspiration à la transcendance. Loin d'être une «soustraction» de la religion, la sécularisation est un processus de redéfinition de la croyance qui a vu se multiplier les options spirituelles. Si plus aucune n'est en mesure de s'imposer, les impasses du «matérialisme» et les promesses déçues de la modernité continuent d'éveiller un besoin de sens.

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Hegel en France. Volume 1, De Cousin à Vera. Volume 2, De Vera à Hyppolite

Andrea Bellantone

27

Mars 2011 – Hermann – 48 € et 34 €

Les deux volumes d'Andrea Bellantone sur Hegel en France retracent l'histoire polymorphe et complexe de la réception de la pensée hégélienne dans la culture française, de Victor Cousin à Jean Hyppolite. Selon un lieu commun très répandu, ce serait avec Jean Wahl et Jean Hyppolite, en passant par Alexandre Kojève, que la philosophie de Hegel aurait fait son entrée en France. Pourtant, c'est avec Victor Cousin que la pensée française s'est intéressé à l'oeuvre hégélien : grâce à lui, la philosophie de Hegel a été mise en valeur dès le XIXe siècle, sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, marquant notamment les pensées de philosophes comme Ravaisson, Maret ou Proudhon.

Plus tard, Augusto Vera, interprète et traducteur du philosophe de Heidelberg, fera de sa pensée un classique. Quand la génération de l'entre-deux-guerres découvrira Hegel, elle s'opposera à une interprétation mûrie depuis plusieurs décennies. C'est donc toute l'histoire des changements interprétatifs des textes de Hegel, et, à travers elle, toute l'histoire de la pensée française entre la Restauration et la deuxième guerre mondiale que racontent les deux volumes sur Hegel en France.

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Ontologie de l'être social. Le travail, la reproduction

Georges Lukács

27

Mars 2011 – Delga – 24 €

Face au « règne de la manipulation » capitaliste, le projet lukácsien d'une Éthique sera confronté à la nécessité préalable d'une Ontologie de l'être social.

Dans le présent volume, Georges Lukács (à la suite de Marx), établit que le travail n'est pas une manifestation parmi d'autres de la téléologie mais au contraire l'unique domaine dans lequel on puisse identifier, de manière résolument matérialiste, une position téléologique (de séries causales). Il est saut ontologique de la sphère organique à la sphère sociale et médiateur de l'échange matériel entre la nature et la société. Toutes les autres catégories de l'être social se déploieront en un échafaudage de productions sociales et de formes d'intersubjectivités de plus en plus complexes (langages, pensée conceptuelle, religions, institutions politiques, juridiques, arts, etc.) sur le modèle du travail, constituant ainsi l'être en-soi du genre humain.

Lukács montre qu'en parallèle de cette évolution de l'être en-soi du genre humain, ancré dans sa particularité abstraite, s'instaurera de plus en plus une tension dialectique de ce dernier avec un être pour-soi de la généricité humaine, tourné, lui, vers l'universel et qui, à travers nombre d'avancées et de reculs, conduira tendanciellement à une humanité de plus en plus unitaire et maîtresse d'elle-même et de ses déterminations.

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L'idéologie anglaise. Wittgenstein et la philosophie du langage

Maurice Cornforth

26

Mars 2011 – Delga – 12 €

Maurice Cornforth (1909-1980), élève de Wittgenstein à Cambridge reste à ce jour un théoricien majeur du marxisme britannique. Dans cette critique sans équivalent, il montre que le trait spécifique de la philosophie de Wittgenstein et de ceux qui l'ont suivi, ne réside pas tant dans ce qu'elle affirme, à savoir que la signification d'une expression verbale se résume à la détermination de son usage - prémisse tout à fait correcte -, que dans ce qu'elle en conclut par un précipité idéologique : la vanité de tout effort accompli dans le sens d'une rationalisation de ces usages, soit de la philosophie, et surtout de toute théorie générale de l'homme et de la société.

On comprend qu'au XXe siècle, et notamment dès le début de la Guerre froide dans le monde anglo-saxon libéral, hanté comme ailleurs en Occident par le spectre du progrès social, la « philosophie du langage » prit un tel essor qu'elle y est devenue la philosophie dominante.

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Le déni de l'excès : homogénéisation sociale et oubli des personnes

Pierre Gisel, Bernard Hort, Philippe Portier, Isabelle Ullern – Sous la direction de Pierre Gisel et Isabelle Ullern

25

Mars 2011 – Hermann - Collection Rue de la Sorbonne – 25 €

L'Europe n'en a pas fini avec le processus de sécularisation qui se développe depuis l'époque moderne. Aujourd'hui, la sécularisation de nos sociétés prend de nouvelles formes, sur lesquelles se sont penchées les sciences humaines, la philosophie, la théologie et toutes les autres disciplines qui traitent du religieux. La circonscription de l'espace public, en tant qu'espace dépourvu de toute conviction, est l'une des revendications premières de nos démocraties laïques. Pourtant, en suivant des chemins débroussaillés par Lévinas ou Rancière, les auteurs montrent que cette pratique de la négation de tout ce qui excède le champ de la pensée neutre (qu'elle soit scientifique, idéologique, politique, sociale...) ne va pas sans effets pervers. Les nouveaux modes de socialisation, qui découlent de ce déni de l'excès, conduisent inéluctablement à un déni de l'humain.

Peut-on alors réfléchir à d'autres stratégies vis-à-vis de ce mouvement de fond qu'est la sécularisation de nos sociétés, qui fait encourir le risque d'une trop forte homogénéisation sociale et d'un oubli des personnes ?

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