Peu de notions esthétiques auront fait l'objet de prises de position aussi négatives que celles suscitées par le décoratif. S'adossant aux ruines des notions de bienséance et de convenance héritées de l'âge classique, ce concept acquiert son identité à la faveur de la formation des utopies modernistes anti-décoratives d'inspiration architecturale. Ni ornement ni décor, le décoratif est un concept parasite dont la reconnaissance spécifie moins une configuration des choses qu'il ne signale l'émergence d'un fantasme lié aux trois périphéries du social (acteurs illégitimes de la culture), du sexe (femme), de l'exotique (le sauvage). De Kant à Mendini, l'équivoque décorative redouble et fragilise les certitudes du visible.
Jacques Soulillou a développé une théorie originale du décoratif dans ses deux ouvrages Le Décoratif (Klincksieck, 2000) et Le livre de l'ornement et de la guerre (Parenthèses, 2003). Il est aussi l'auteur de L'Impunité de l'art (Seuil, 1998) qui interroge les fondements de la question de l'autonomie pénale de l'art à l'âge moderne. Il a traduit de l'allemand Gottfried Semper, Heiner Mühlmann, et de l'anglais Joseph Masheck auteur du Paradigme du tapis. Il a entretenu une relation suivie avec le collectif Présence Panchounette (1968- 1990) et est aujourd'hui attaché culturel en Corée du Sud. Son dernier ouvrage, Esthétiques du déplacement vient de paraître chez Sémiose éditions.
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