Ignace Meyerson (1888-1983), juif polonais naturalisé français à 35 ans, médecin, licencié en sciences et en philosophie, est le fondateur de la psychologie historique et comparative. Prenant pour objet d’enquête tout ce que les hommes ont produit, conservé et transmis, il affirme que la variation de ces « œuvres » dans l’espace et dans le temps suppose que l’esprit humain soit lui-même le lieu d’une histoire.
La méthode de Meyerson consiste à construire, à partir des faits de civilisation documentés par les sciences humaines, la généalogie des « fonctions psychologiques » – pôles de l’activité mentale tels que la mémoire, la perception de la couleur ou la personne elle-même – et à montrer ainsi leur évolution et leur contingence. En étendant ce programme aux civilisations anciennes, Jean-Pierre Vernant et Marinette Dambuyant, disciples de Meyerson, ont confirmé la pertinence de cette approche génétique et comparatiste.
Refusant l’abstraction philosophique, le déterminisme sociologique ou l’analyse structurale, la psychologie historique a été l’une des voies du renouvellement des sciences humaines. Son originalité est d’accorder au registre psychologique autant le rôle de moteur que de matière dans la transformation de l’expérience humaine.
Noemí Pizarroso López est docteur en psychologie (université Complutense de Madrid et université Paris V). Elle enseigne l’histoire de la psychologie à l’UNED (Universidad Nacional de Educación a Distancia) à Madrid. Outre des articles dans des revues spécialisées, elle a publié l’ouvrage collectif Histoire de la psychologie (2017).
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