Il y a de nombreux essais sur Spinoza. Des excellents et de moins bons.
Notre propos n'est pas d'ajouter une nouvelle interprétation de Spinoza à
la longue liste des interprétations rivales ou complémentaires. Il
s'agit tout simplement de le lire, de comprendre la lettre du texte et
d'en restituer l'esprit. Que veulent dire les énigmatiques définitions
qui inaugurent la partie I ? " Cause de soi ", " attribut ", " modes ", "
substance " : Spinoza pose, par un acte de l'intelligence, des
catégories dont il emprunte le nom à la tradition scolastique mais qu'il
pulvérise de l'intérieur par l'usage qu'il en fait. Et qu'est-ce donc
que ce Dieu, substance éternelle et infinie dont nous ne sommes que des
modes " finis " ? Quand Spinoza parle de Dieu, ne vaudrait-il mieux pas
entendre " la nature " ? Avant Spinoza, il y a eu Giordano Bruno et
Spinoza s'inscrit dans ce mouvement d'où émerge la science moderne. Mais
d'un autre côté, en refusant de séparer le sujet pensant du monde
pensé, en replaçant l'homme dans l'ordre des choses, il paraît redonner
vie à la philosophie antique. Et comme pour les philosophes antiques, le
but de la philosophie est la vie bonne ; la philosophie est un choix de
vie qui doit conduire à la béatitude, cette plénitude de l'être que
Spinoza appelle aussi " amour intellectuel de Dieu ", encore une de ces
expressions énigmatiques qu'il faut sans doute traduire pour lui donner
son sens véritable. La lecture de Spinoza, dès qu'on a franchi les
premiers obstacles, nous donne déjà une idée de ce qu'est ce désir
engendré par la raison qui nous conduit à mettre en action la meilleure
partie de nous-mêmes, c'est-à-dire notre intellect. Notre objectif :
permettre au plus grand nombre d'éprouver cette joie sans cesse
renouvelée que procure la lecture de l' Éthique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire