Prononcé au semestre d'été 1920, ce cours témoigne de la façon dont Heidegger s'approprie la phénoménologie dans les débuts de son enseignement à Fribourg. C'est au nom de la vie qu'il la fait sienne, scellant ainsi d'entrée de jeu une divergence fondamentale avec le projet transcendantal de son fondateur Edmund Husserl. Tout converge dans cette phénoménologie de l'intuition et de l'expression vers l'unique " phénomène originaire " de la vie, et en premier lieu la méthode inventée pour s'en saisir : la " Destruktion phénoménologique ", qui s'y trouve exposée pour la première fois. Elle est aussitôt mise en oeuvre par le jeune Heidegger à l'égard des deux grands cadres d'interrogation qui occultent à ses yeux le phénomène de la vie, le problème de l'a priori et celui du " vécu ". L'examen critique du premier est l'occasion d'un démantèlement minutieux de la signification théorique et épistémologique du concept d'histoire au profit de son sens comme dimension immanente et constitutive de la vie même. Le second est le théâtre d'une confrontation inédite avec deux grandes psychologies philosophiques contemporaines, celles de Paul Natorp et de Wilhelm Dilthey. L'enjeu en est, indissociablement, l'appréhension non objectivante du soi et la détermination du sens de la philosophie elle-même. Le cours de 1920 apparaît ainsi tout à la fois comme une pièce maîtresse de la phénoménologie de la vie des premières années fribourgeoises de Heidegger et comme un jalon majeur sur le chemin de la future " analytique existentiale ".
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