Le seuil - Mai 2021
De plus en plus étudié en Europe et aux États-Unis, Deligny est aujourd'hui encore un célèbre inconnu. Wikipédia le présente comme " un opposant farouche à la prise en charge asilaire des enfants difficiles ou délinquants et des enfants autistes ". C'est oublier qu'il fut également conteur, écrivain, cinéaste, cartographe, et que les inventions plastiques et poétiques de ce bricoleur de génie contribuent pour une large part à ses expérimentations cliniques.
Dans ce livre, Catherine Perret inscrit Deligny dans l'histoire des révolutions psychiatriques qui, suite à l'" extermination douce des fous " dans les hôpitaux psychiatriques français durant la Seconde Guerre mondiale, surent faire de la folie une perspective sur l'humain et du soin psychique une pratique sociale.
Les expérimentations éducatives et cliniques de Deligny, ses inventions plastiques éclairent ce qui, chez les humains, vise à la création d'un milieu : un milieu loin du langage et qui ne se laisse capter qu'en images.
Catherine Perret montre que la prise en compte sans exclusive de l'humain ne dépend pas seulement de la capacité qu'auraient les sociétés à inclure de plus en plus d'individus dans le respect de leurs différences. Elle dépend aussi de leur capacité à prendre acte de la différence entre la part civilisable de l'homme et son noyau non civilisable, mais pourtant humain. C'est par là que son essai rejoint l'agenda politique de l'anthropologie contemporaine.
Professeure à l'université de Paris-VIII, Catherine Perret enseigne l'esthétique, la théorie et l'histoire des arts. Elle a notamment publié aux Editions du Seuil L'Enseignement de la torture. Réflexions sur Jean Améry (" La Librairie du XXIe siècle ", 2013) et a codirigé, avec Jean-Philippe Antoine, le n° 55 du Genre humain, Les artistes font des histoires (2015).
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