Editions de Paris - Mai 2021
L'animal serait- il devenu notre alter-ego ? Pour les antispécistes, cela ne fait aucun doute. Selon eux, il faudrait ouvrir en grand les portes des zoos, attribuer aux animaux des droits subjectifs ainsi qu'une représentation politique qui les mettraient à égalité avec nous et, bien entendu, s'abstenir de les consommer jusque dans leurs productions naturelles : les fourrures bien sûr, mais aussi la laine et le cuir, sans oublier les oeufs, le miel et la soie, tous produits issus de la domestication.
Ainsi pourquoi ne pas envisager d'expérimenter de nouveaux médicaments sur des handicapés et des comateux plutôt que sur des rats, des chiens et des singes en parfaite santé, comme le pense Peter Singer ? Ou, selon l'opinion de Donna Haraway, déculpabiliser la zoophilie lorsqu'elle est librement consentie ! Bref : pour ces gens-là, l'animal serait un homme comme les autres et sa libération s'inscrirait dans un processus politico-social, tout comme l'antiracisme et le féminisme. Mais ce discours n'est pas seulement fallacieux et chimérique, il est aussi pernicieux et dangereux pour notre civilisation déjà sapée par le relativisme culturel. En jouant sur la corde sensible, il avalise l'idée qu'il n'y a qu'une différence de degré entre l'homme et l'animal et que, par conséquent, ce dernier mériterait de jouir des mêmes droits personnels que l'être humain dans la société moderne. Et, en instrumentalisant rationnellement les émotions liées à la condition animale, il attaque la civilisation occidentale qu'il charge, bien sûr, de tous les maux. En oubliant un peu trop vite qu'il en est le pur produit.
Dans une langue claire et souple, cet ouvrage, entre l'essai et le pamphlet, s'attache à démonter l'un après l'autre les arguments de l'idéologie antispéciste, mais aussi ceux, du véganisme, de la collapsologie et de l'écologie radicale. Sans nier la nécessité d'améliorer le sort des animaux dans notre société, l'auteur rappelle que le monde humain s'est bâti sur la différence homme-animal. Et que, par conséquent, mieux vaudrait maintenir la part d'altérité des animaux plutôt que de vouloir les humaniser à tout prix.
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