Ludwig Wittgenstein a écrit le Tractatus logico-philosophicus durant la Grande Guerre, probablement dans le courant de l'hiver 1917-1918, lorsqu il combattait dans l'armée austro-hongroise sur le front russe.
L'ouvrage témoigne du bouleversement intellectuel qu a provoqué la création des « calculs » logiques modernes entre 1900 et 1914 à Cambridge. On peut dire que la pensée des temps modernes débute avec le Tractatus. En effet, il s agit d une philosophie de la logique qui se propose d'élucider et de clarifier les formes et les expressions logiques en écartant toute interprétation métaphysique. Ces éclaircissements sur la logique doivent nous permettre de « voir correctement le monde », c'est-à-dire d en apercevoir et d'en tracer les limites qui sont les limites de ce qui est pensable et exprimable.
Wittgenstein se propose de montrer que le monde n'est autre que « l'espace logique » des calculs logiques modernes ; que tenter de bâtir avec cette logique une métaphysique, comme « l'atomisme logique » de Russell, par exemple, n'a aucun sens et que de façon générale un discours métaphysique est un non-sens.
Avec le Tractatus, nous assistons à l'apparition du monde moderne, celui qui prend la figure de l'échafaudage d'une construction logique d'un « système de signes » qui constitue le langage, le seul langage qui peut avoir un sens : le discours propositionnel de la logique. C'est aussi un monde où la question du sens de ce « système » se pose. Mais à cette question, il n y a pas de réponse formulable dans un discours.
Alain Chauve est inspecteur pédagogique régional honoraire et ancien professeur de philosophie en khâgne.
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