mercredi 21 octobre 2015

Bernard Aspe : Partage de la nuit. Deux études sur Jacques Rancière

Nous - Octobre 2015 - Collection : Antiphilosophique


Si Jacques Rancière peut aujourd'hui être considéré comme l'un des philosophes les plus lus et traduits au monde, il n'existe à ce jour que de rares livres sur son oeuvre, la plupart publiés à l'étranger. En articulant les deux axes fondamentaux de sa pensée - politique et esthétique - Partage de la nuit propose une analyse aussi claire que radicale des enjeux de la philosophie de Jacques Rancière, avec laquelle le travail de Bernard Aspe n'a cessé de dialoguer. L'oeuvre de Rancière se caractérise par le geste de rendre indissociables la politique et l'esthétique. Pour saisir cette indissociabilité, il faut d'abord comprendre que la politique n'est pas l'art de gouverner, et que l'esthétique n'est pas une discipline académique. La politique est selon Rancière la mise en oeuvre d'une égalité réelle au sein même des dispositifs qui semblent la récuser. Ces dispositifs que Rancière dit "policiers" correspondent à cet art de la gestion des populations qu'exercent les gouvernants. La politique est toujours la contestation active de cet art de gouverner, une contestation que Rancière identifie comme une logique de l'émancipation. L'esthétique - telle que l'entend Rancière, et en particulier dans son livre le plus important sur la question, Aisthesis -, loin d'être une discipline spécialisée, est un régime de pensée et de visibilité qui engage non seulement la définition même de l'art, mais aussi ses effets sur la sensibilité. Ce régime se définit, à l'instar de la politique, par la mise en oeuvre d'un présupposé égalitaire. Au-delà des opinions politiques des artistes ou des écrivains, la littérature de Flaubert, la peinture de Murillo, et plus tard le cinéma de Chaplin ou de Godard sont autant d'exemples d'une démocratie radicale inscrite à même l'ordre du sensible. Cette démocratie est une promesse dont l'esthétique a en charge de rappeler à la politique qu'elle doit rester son véritable horizon. C'est ici que se trouve le point de jonction le plus profond entre l'esthétique et la politique, leur caractère proprement révolutionnaire.

Bernard Aspe, né en 1970, est philosophe. En 2001 il a soutenu une thèse sous la direction de Jacques Rancière sur l'individuation chez Gilbert Simondon. Il a publié notamment L'instant d'après, Projectiles pour une politique à l'état naissant (La Fabrique, 2006). Sont parus aux éditions Nous : Les mots et les actes (2011) et Horizon inverse (2013).

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