Quoi de commun entre une philosophie idéaliste qui fait de l’inconscience un moment de la conscience, qui est une philosophie de la liberté, un travail de synthèse, qui exhibe les déterminations universelles de l’action des hommes, d’une part, et, d’autre part, une théorie psychanalytique, matérialiste et assez déterministe, qui pose l’existence d’un inconscient en soi, dispositif d’analyse, œuvrant à dégager les mobiles psychologiques individuels profonds des actes ? Ces deux grandes pensées ne partageraient-elles pas une certaine entente de la négation comme négativité ? Alors que leurs critiques respectives les plus sérieuses en font des instruments de pensées où tout fait sens, où le sens y serait toujours plein, un et mien, Claire Pagès, relisant et confrontant les textes, esquisse et déploie une autre approche. C’est en faisant droit et place à tout ce qui ne fonctionne pas (dyfonction), à ce qui diffère (dis-fonction) et à ce qui marche tout seul (automatisme) que se découvre une certaine communauté entre ces deux penseurs. Une relecture des textes hégéliens et freudiens qui invite à découvrir ce qui en eux donne à penser les « intermittences du sens ».
Claire Pagès est directrice de programme au Collège International de Philosophie et chercheuse rattachée au Sophiapol (Université Paris Ouest).
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