vendredi 31 octobre 2014

Avishag Zafrani : Le défi du nihilisme : Ernst Bloch et Hans Jonas

Editions Hermann - 10 octobre 2014 Collection : Philosophie


Le diagnostic de Nietzsche sur les sociétés européennes, dans sa lucidité même, est un défi fondamental pour la philosophie contemporaine. Ce diagnostic consiste à considérer le temps présent comme celui du nihilisme. Négation de la volonté dans son affirmation, toute puissance et impuissance de la subjectivité, omniprésence et occultation de la mort : est-il possible de surmonter ce nihilisme ?
Telle a été la tâche d’Ernst Bloch et Hans Jonas qui, selon des voies différentes et même opposées, ont tenté de relever ce défi.
L’existence humaine a-t-elle un sens ? Ce sens est-il donné ou construit ?
Pour répondre à ces questions il fallait repenser le statut de l’homme dans son rapport à la nature et à l’histoire.
À travers ces interrogations se trouve renouvelée la problématique de l’être et du devoir-être, qui prend la forme d’une refondation de l’éthique et d’une reconsidération de l’existence sociale et politique.

Louis Pinto : Sociologie et Philosophie : libres échanges

Ithaque - Octobre 2014


Les échanges entre sociologie et philosophie sont à l'évidence une bonne chose, mais à quelles conditions ? À sa manière, le sociologue peut contribuer à dégager une vision plus claire de ce qu'est penser le monde social. Le présent ouvrage propose dans un premier temps une série d'études s'inscrivant dans une sociologie historique des rapports entre philosophie et sciences sociales avant d'interroger la prétention à l'objectivité que présuppose la connaissance sociologique. Il envisage enfin la circulation actuelle des mots et des labels « théoriques », se proposant de nous soustraire à l'attrait de la doxa intellectuelle. En donnant l'idée de ce que peut être une pratique raisonnée des croisements entre disciplines, ce livre invite philosophes comme sociologues à davantage de réflexivité.


Etienne Helmer : Diogène et les cyniques ou la liberté dans la vie simple

Le Passager Clandestin - 11 octobre 2014 - Collection : Les précurseurs de la décroissance


Du cynisme antique, on a souvent à l esprit le goût pour les conduites provocantes et l existence frugale. Il y a pourtant une pensée politique cynique ; Diogène, le plus célèbre d entre eux, imagina même, à l instar de Platon, une République aux institutions radicales nous invitant à mesurer l écart qui nous sépare de la nature et de nous-mêmes et à repenser les conditions de la liberté et du bonheur au sein de nos sociétés. Par sa visée profondément éthique, explique Étienne Helmer, le cynisme dévoile le mépris de la dignité humaine et le refus de l égalité propres à nos institutions, nos modes de vie et nos économies tournés vers la croissance sans mesure. Il nous enjoint à identifier dans la configuration des cités actuelles tout ce qui nous déshumanise et nous empêche d être vraiment « des hommes ».

Luc Brisson (éd., trad.) : Ecrits attribués à Platon

Flammarion - 15 octobre 2014 - Collection : GF


Écrits attribués à Platon Cette édition rassemble des écrits que la tradition attribue à Planton. Les formes sont diverses : on y trouve des dialogues socratiques, qui traitent de la justice, de la richesse ou encore de l'avidité, une introduction et une conclusion aux Lois que la mort empêcha Platon de terminer, mais aussi des textes plus informels, comme une liste de définitions, destinée à un usage scolaire, et même des épigrammes censées illustrer le talent littéraire du philosophe. Tous ces textes permettent d'élargir l'horizon du platonisme et de comprendre comment on contesta, peut-être même de son vivant, l'image que Platon donna de Socrate et la façon dont l'Académie administra son héritage.

jeudi 30 octobre 2014

Ronald Bonan : Platon

Les Belles Lettres - 14 octobre 2014 - Collection : Figures du savoir


Platon (c.428-c.347 av. J.-C.) est le nom propre qui signe l'avènement de la philosophie comme telle. Y sont attachés une méthode – le dialogue et, à sa suite, la dialectique –, ainsi qu’un objectif : celui de fonder le savoir vrai et la conduite juste sur des principes premiers. Ontologie et déontologie trouvent là leur acte de naissance ; elles sont un discours raisonné tenu de se justifier par une argumentation rigoureuse.
Prolongeant de manière personnelle la leçon éthique de Socrate, les dialogues de Platon inscrivent le Bien dans une philosophie des Idées qui s’interroge sur la teneur de la vérité, la possibilité de l’atteindre ou non par la science, la nature des erreurs dont dérivent nos errances, le statut épineux du non-être. Convaincu du fondement métaphysique de tout état de choses, Platon ouvre simultanément des réflexions sur la justice, la cité idéale, l’amour, la beauté et le plaisir, qui seront autant de cadres pour la philosophie morale et politique à venir.
Le présent livre explore la cohérence de la construction platonicienne en soulignant le pouvoir qu’ont les dialogues de mettre le lecteur sur le chemin de leurs thèses et d’ouvrir l’espace argumentatif de leur discussion. Le platonisme se montre ainsi sous son meilleur jour, celui d’une philosophie en prise sur le réel.

Eléonore Le Jallé : Hume et la philosophie contemporaine

Vrin - 14 octobre 2014 - Collection : Analyse et philosophie


A quoi reconnaît-on qu’une philosophie est toujours vivante? Si les positions qu’elle a défendues sont encore discutées. Si son type d’approche est toujours revendiqué. Si elle structure, voire polarise, certains domaines actuels. Ainsi en va-t-il de la philosophie de Hume aujourd’hui, dont la réception aux XXe et XXIe siècles est le sujet de ce livre. On y verra combien les positions humiennes animent les discussions actuelles sur la causalité, l’identité personnelle, l’action, la motivation, la convention, la justice et la morale. Mais aussi pourquoi la référence à Hume a pour effet de lier en réseau ces différents thèmes, jetant ainsi des passerelles entre la philosophie de l’esprit, la philosophie de l’action, la philosophie morale et politique contemporaines.

Jean-Benoît Mesqui : #Philo

Marabout - octobre 2014


Quoi ? Vous n'avez pas lu tout Kant ? C'est vrai que si tous ces grands hommes, de Lao-Tseu à Deleuze, avaient gentiment attendu le XXIe siècle, ils auraient tweeté en 140 caractères, espaces compris, au lieu de s'épancher sur des centaines et des centaines de pages.
Cela dit, pas de panique ! Ce livre vous offre, en quelques tweets, l'essentiel de la pensée des 26 plus grands philosophes de l'histoire de l'Humanité-avant-Internet. Avec leurs retweets, pour tout savoir sur qui a inspiré qui, des petites biographies et des conseils de lecture, honnêtes ou en mode bluff pour enfin pouvoir briller en ville, en cours, et dire sans rougir la phrase : « Je suis en train de relire Hegel. »

Jean-Claude Milner : La puissance du détail. Phrases célèbres et fragments en philosophie

Grasset - 29 octobre 2014 - Collection : Figures


« Pour bien voir un tableau et y prendre plaisir, il faut parfois se rendre attentif à un détail. Il en va de même pour les textes philosophiques. Une phrase, un mot manquant, une fracture du sens, et l’intelligence s’arrête, intriguée. Alors commence un travail de dépliage, d’où naît un texte nouveau.
Pour ceux qui aiment lire, un plaisir leur est alors promis : le plaisir de comprendre. Mais aujourd’hui, ce plaisir s’accompagne d’un devoir. Dans un univers que hantent les bouleversements de l’économie et les travestissements de la politique, ce qu’on ne comprend pas peut conduire à la servitude. On ne saurait s’y résigner, spécialement quand il s’agit de philosophes.
Platon, Kafka, Marx, Nietzsche, Lévi-Strauss, Primo Levi et Benny Lévy, Lacan, Foucault, Lénine, tous m’ont convoqué, un jour ou l’autre, au devoir de comprendre. Pour mon plaisir, j’ai donné à mes dépliages la forme de l’enquête. Amateur de fictions policières, j’en ai retrouvé le style. Mais à la fin, il ne s’agit pas de nommer un coupable. Il s’agit plutôt d’empêcher, détail par détail, la perpétuation d’un préjugé. Par ce moyen, la peinture, la philosophie et la politique s’entrecroisent et concourent à la liberté de penser. » J.C. M.

Dominic McIver Lopes : Comprendre les images. Une théorie de la représentation iconique

PU Rennes - 30 octobre 2014 - Collection : Aesthética


Un collage cubiste, une figure amérindienne de style dédoublé, une image en perspective à deux points de fuite sont des images qui attirent chacune l'attention sur des caractéristiques différentes de ce qu'elles représentent : il y a une infinité de façons de représenter le monde. Dans Comprendre les images, Lopes prend acte de cette diversité pour construire une théorie de la représentation iconique qui se situe au croisement d'une approche symbolique (comme celle de Nelson Goodman) et d'une approche perceptuelle (comme celle de Richard Wollheim), offrant ainsi une nouvelle explication de la phénoménologie de l'expérience iconique. L’ouvrage traduit est un«classique» de la réflexion contemporaine sur la représentation picturale. Classique, ou presque, il l’est immédiatement devenu lors de sa parution en 1996, en donnant lieu, dans le monde anglophone, à d’abondants commentaires et discussions. L’introduction à l’édition française proposée par Dominic McIver Lopes, présente son livre de 1996 dans la perspective de ses travaux ultérieurs et même de ceux qui vont paraître prochainement. On voit ainsi qu’on a affaire, avec le livre traduit, au premier élément d’une oeuvre philosophique de tout premier plan au sujet de la perception esthétique et de la nature de l’art.

mercredi 29 octobre 2014

Collectif : (In)actualité de la logique de l'inconscient

Analyse freudienne presse - Numéro 21 - Erès - Octobre 2014


Entre l’inconscient freudien et l’unebévue lacanienne, il y a une continuité fondamentale : l’inconscient est structuré comme un langage et ignore le temps. Avec l’abandon par Freud de l’hypnose et de sa neurotica, le souvenir traumatique n’est plus à retrouver dans un moment historique précis mais s’inscrit dans la logique du discours lui-même, de manière intemporelle, grâce à l’association libre. Pourtant, c’est avec l’argument d’une temporalité démodée que nombre des détracteurs de la psychanalyse tente aujourd’hui de démontrer que ces vieilles lunes freudiennes sont obsolètes au regard d’une modernité qui, forte de ses assises enfin scientifiques, pourrait maintenant se passer de cet embarrassant appareil psychique. L’activation de certaines zones de notre système limbique, révélée par l’imagerie médicale du cerveau, serait-elle la preuve irréfutable et définitive de la vétusté de nos concepts de mots d’esprit, de lapsus ou encore d’actes manqués ? C’est toute la logique de l’inconscient qu’il est aujourd’hui nécessaire de faire entendre dans l’actualité que lui donnent ses détracteurs, tout autant que dans son inactualité structurale puisque, en effet, l’inconscient ignore bien le temps.

Coordination : Catherine DELARUE - Chantal HAGUE

Ont participé à ce numéro : Laurent BALLERY - Claude BREUILLOT - Chantal CAZZADORI - Maria CRUZ ESTADA - Celine DEVALOIS - Laurent EL GHOZI - Michel FERRAZZI - Serge GRANIER DE CASSAGNAC - Brigitte HAMON - Roque HERNANDEZ- Annick HUBERT BARTHELEMY - Anna KONRAD - Robert LEVY - Charles MARCELLESI - Lola MONLEON - Eric MOREAU -Gilbert POLETTI - Serge SABINUS - Radjou SOUNDARAMOURTY - Joelle TOUBIANA-TONDOWSKI - Jean-jacques VALENTIN- Carol WATTERS - Philippe WOLOSZKO 

mardi 28 octobre 2014

Carole Talon-Hugon : Histoire philosophique des arts - Moyen Age et Renaissance

PUF - 15 octobre 2014 - Collection : Une histoire personnelle


Au Moyen Âge, les arts se déploient dans un univers mental très différent du nôtre, et selon des catégories (celles d'« arts mécaniques » et d'« arts libéraux », par exemple) et des formes (pensons aux genres théâtraux des « mystères » et des « miracles », ou bien au genre littéraire de l'hagiographie) qui pour nous sont insolites. La production picturale et sa réception sont marquées par les écrits de Plotin puis par la synthèse du néo-platonisme et de la pensée des Pères de l'Église. La querelle des images qui agite le monde byzantin au VIIIe siècle montre l'incidence des réflexions théologiques sur la production picturale et permet de comprendre les contraintes stylistiques de la peinture d'icônes. La Renaissance est non seulement marquée par des nouveautés stylistiques remarquables, mais aussi par des changements considérables dans la manière de penser ces pratiques (qui cessent d'être vues comme des arts mécaniques), leur enseignement (création des Académies), leurs acteurs (invention du mot « artiste »), et la production artistique de l'Antiquité (apparition des premières collections et débuts de l'histoire de l'art).

Alain Badiou : Le Séminaire - Parménide: L'être 1 - Figure ontologique (1985)

Fayard - Octobre 2014 - "Ouvertures"


« J’ai, dès 1983, commencé humblement le trajet qui devait aboutir, cinq ans plus tard, à la publication de L’être et l’événement par un examen renouvelé de la grande histoire de la philosophie. La médiocrité intellectuelle du démocratisme ambiant était telle que j’étais sûr de trouver, dans cette grande histoire, de quoi démonter cette moderne machination.
La méthode de ce Séminaire consiste à tenter de démontrer qu’il y a de sérieuses raisons de tenir Parménide pour le fondateur d’une discipline nouvelle, non parce qu’il a vaticiné sur l’être et le non-être, comme le firent de nombreuses mythologies, mais parce qu’il a convoqué dans cette vaticination poétique son contraire, à savoir la rigueur universelle absolue des procédures mathématico-logiques qui, au même moment, trouvaient en Grèce leur forme définitive. 
Il y a dans ce Séminaire un côté réjouissant de suspense, d’enquête policière, de contestation raisonnée des dires de quelques témoins importants, comme Platon ou Heidegger. Sa densité ne doit pas dissimuler l’espèce de science joyeuse qui l’anime. »

A. B.

Depuis 1966, une part importante de l’enseignement du philosophe Alain Badiou, aujourd’hui professeur émérite à l’École normale supérieure, a pris la forme d’un séminaire, lieu de libre parole et laboratoire de pensée. Les éditions Fayard publient l’ensemble de ces Séminaires de 1983 à aujourd’hui, période où la documentation est abondante et continue. Ce volume est le quatrième de la série.




Thierry Hoquet (éd.) : Samuel Butler : Darwin parmi les machines. Et autres textes néo-zélandais

Hermann - Octobre 2014 - "Evolution des machines"


Écrit dans un style alerte, par un écrivain de talent, Darwin parmi les machines adresse aux machines une déclaration de guerre. À première vue, les machines sont nos esclaves et sont un instrument au service de notre domination : elles favorisent l’extension de la vie, la conquête et la maîtrise de la nature brute. Mais elles deviennent bientôt nos rivales dans la lutte pour la suprématie sur terre. Si les machines ne peuvent pas encore se passer de nous pour leur survie et leur reproduction, déjà les humains ne peuvent plus se passer d’elles pour quantité d’opérations — voire pour leur propre reproduction. Aussi la question est-elle celle de la co-dépendance ou co-évolution entre humains et machines. Pour bénéficier de l’assistance des machines, n’avons-nous pas abdiqué une grande part de notre autonomie ? Que sont ces machines à qui nous avons confié les clefs de notre survie ? Les machines que nous connaissons aujourd'hui ne sont que la préfiguration grossière de ce que seront les machines de demain. Les machines, prédit Butler, vont évoluer, et bien plus rapidement que les humains : si bien qu’elles finiront par nous dépasser et feront de nous leur bétail.

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Alain Gallerand : Husserl et le phénomène de la signification

Vrin - Octobre 2014 - Bibliothèque d'Histoire de la philosophie


Le présent ouvrage propose une étude historique et critique d’une des questions les plus importantes de la philosophie contemporaine et des sciences humaines : qu’est-ce que signifier veut dire? L’auteur envisage la théorie de la signification dans l’ensemble du corpus husserlien et prend en compte ces différents aspects (discours scientifique et théorique, langage ordinaire). En inscrivant la théorie husserlienne dans son contexte historique (psychologie de Brentano, logique de Bolzano), ce travail s’attache ainsi à éclairer d’un jour nouveau un moment clé de l’histoire de la philosophie. Pour Husserl, la signification n’est ni un acte immanent de la conscience, ni l’objet – réel, fictif ou idéal – auquel il se rapporte, mais une objectité catégoriale. En tant que telle, elle est une espèce d’objet intentionnel : le corrélat de l’activité catégoriale, autrement dit l’objet tel qu’il est pensé, à distinguer soigneusement de l’objet qui est pensé et des vécus psychiques et linguistiques au moyen desquels il est pensé et exprimé. C’est à partir d’une réflexion sur le mode d’être de l’objet intentionnel que la phénoménologie de Husserl a pu dévoiler le statut ontologique de la signification qui avait échappé aux théories psychologiques et référentielles.

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Pierre Bertrand : La liberté du regard

Editions Liber - Mars 2014


Tant de choses nous échappent, non par accident, mais ontologiquement, à savoir compte tenu de leur nature et de la nôtre. Il y a des choses dont nous ne pouvons pas être conscients. Nous avons beau vouloir ouvrir notre esprit, il y a des limites à cette ouverture. C'est l'un des traits de notre finitude. La philosophie entretient une prétention à l'universalité. Elle tente de s'ouvrir le plus largement possible à la réalité telle qu'elle est. Ce faisant, elle doit être consciente de ses limites. Si elle s'ouvre, c'est aussi en se fermant. Si elle voit certaines choses, elle est aveugle à d'autres. Ces limites se font sentir avec force quand il s'agit de mettre en parole la vision. Celle-ci doit entrer dans la forme de celle-là, avec un sujet ou un substantif, un verbe ou une action, un prédicat ou un attribut. Une telle mise en forme élimine forcément un chaos, une indétermination ou un flou constitutifs de la réalité. Le défi est alors d'exprimer par la parole ce qui pourtant lui résiste, de manière à ce que continue de poindre et d'insister ce qui résiste.

lundi 27 octobre 2014

Pierre Macherey : Le sujet des normes

Editions Amsterdam - 12 septembre 2014


Selon Pierre Macherey, la question de la manière dont les normes opèrent ne doit pas être traitée dans l'abstrait. Il faut la rapporter aux nouvelles structures de socialisation et d'exercice du pouvoir liées au développement, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, du machinisme et de la révolution industrielle : ce sont ces structures qui définissent encore aujourd'hui la manière dont on devient sujet. Ces structures, ce sont celles dont Marx a analysé la base économique dans Le Capital, et que Foucault, suivant une approche différente mais convergente, du moins sur certains points, a examinées en se servant du concept de "société de normes". Des lectures croisées s'imposent donc. De Marx à Althusser, d'Althusser à Foucault, de Foucault à Fanon, de Fanon à Deligny, et ainsi de suite, Pierre Macherey dresse des ponts entre différents systèmes de pensée et nous invite à une promenade philosophique et politique destinée à mettre au jour les mécanismes idéologiques de cette société de normes.

Teresa Obolevitch : La philosophie religieuse russe

Cerf - 16 octobre 2014 - Collection : Philosophie & Théologie


La parution de la traduction de l'ouvrage de Teresa Obolevitch sur la philosophie religieuse russe est bienvenue dans le paysage culturel français. Elle vient s'insérer dans une série de publications qui, en France, depuis environ deux décennies, ont été consacrées à la philosophie russe et ont fait évoluer l'image que les Français se faisaient de la nature et de l'évolution de ce domaine du savoir en Russie. Et ce n'est pas le moindre mérite de Teresa Obolevitch que d'avoir montré ici comment, dans ce vaste paysage de la philosophie actuelle en Russie, la philosophie religieuse russe avait encore et réellement sa place. C'est toute l'histoire de cette pensée qui, par son ancrage dans la religion orthodoxe et la tradition byzantine, a permis de faire apparaître l'un des courants les plus importants de la philosophie russe, celui précisément de la philosophie religieuse. Ici, les délimitations géographiques ne sont plus pertinentes, ce sont les spécificités culturelles qui priment ainsi que les empreintes dont elles marquent les œuvres. Nous avons affaire autant à certains philosophes qui ont vécu et sont morts, parfois de façon tragique, en Russie ou en Union soviétique (Vladimir Soloviev, Alekseï Losev, Pavel Florensky) qu'à d'autres qui ont émigré et ont réalisé une grande partie de leur oeuvre dans l'émigration (Nicolas Losski, Nicolas Berdiaev, Simon Frank, Serge Boulgakov). L'important, en temps de péril, n'est pas le lieu, mais l'héritage, le témoignage ou le message, tant il est vrai que dans son ouvrage, l'auteur cherche à montrer comment, dans le contexte d'une histoire culturelle millénaire et chrétienne, la fréquentation séculaire de la théologie et de la philosophie a pu faire surgir, tout d'abord en certains lieux et selon certains modes privilégiés, des thèmes aptes à nourrir encore la pensée contemporaine.

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Richard Mèmeteau : Pop culture. Réflexion sur les industries du rêve et l'invention des identités

Editions Zones - Octobre 2014


De Star Wars à Lady Gaga, du Seigneur des anneaux à Game of Thrones, tubes, blockbusters et best-sellers forment aujourd'hui les facettes d'une culture de masse omniprésente. Un philosophe analyse le phénomène : qu'est-ce que la " pop culture " ? Quels en sont les ressorts, mais aussi les implications existentielles ? Avant d'être un truc jeune et sexy, un graphisme quadrichromique simplifié à l'extrême ou un genre musical qui présente en quantité anormalement élevée des sons de synthétiseur, la pop est une stratégie, un calcul industriel alimenté par une seule obsession : savoir ce que veulent les masses. La pop culture est un ogre qui ingère tout ce qu'il trouve. Mais cette logique de réappropriation l'ouvre paradoxalement aux déclassés, aux freaks et aux minorités en tout genre. Pour l'auteur, ce qui s'y joue est d'abord l'invention de nouvelles identités. Il conduit sa réflexion à partir d'analyses fines de chansons, de films, de comics, de romans et de séries, multipliant les digressions érudites en réponse à des questions aussi essentielles que : jusqu'à quel point peut-on détester un ancien groupe indé devenu commercial ? Comment Harry Potter peut-il survivre à l'Avada Kedavra de Voldemort dans la Forêt interdite ? La catégorie de mythe fonctionne-t-elle pour la pop culture ? Par ailleurs, si Obi-Wan Kenobi est si malin, pourquoi laisse-t-il Luke Skywalker faire tout le boulot ?


Francis Kaplan : Le matérialisme historique et les mécanismes de l'Histoire

Kimé - Octobre 2014


Francis Kaplan est l’auteur des Trois communismes de Marx, « une des plus remarquables synthèses qui ait jamais été donnée de la philosophie de Marx, un vrai Marx » dit François Ewald, dans le Magazine Littéraire. C’est le Marx annonçant et prônant une révolution politique et sociale. Dans Le Matérialisme historique et les mécanismes de l’Histoire il s’agit d’un Marx ici encore révolutionnaire, mais sur le plan des idées, en tant qu’historien, révolutionnant la manière de faire de l’histoire en y introduisant les facteurs économiques ; et les plus grands historiens du XXe siècle, quel que soit leur bord politique, si éloignés fussent-ils de vouloir une révolution communiste, ont été sur ce point ses disciples et ont reconnu leur dette à son égard. Contrairement à ce qu’on pense généralement, pour Marx le facteur économique essentiel n’est pas la lutte des classes, mais l’état des forces matérielles de production, les progrès techniques dont les luttes des classes ne seraient que la conséquence. Mais il y a aussi des facteurs non-économiques, le facteur national, le facteur individuel, le facteur géographique, le facteur idéologique. Pour le matérialisme historique, ils ne sont pas au même niveau ; le facteur économique est le facteur déterminant en dernier instance, dit Engels, mais il le dit sans plus s’expliquer. Francis Kaplan montre qu’en réalité cela ne va pas sans problèmes, mais qu’il est possible de résoudre ces problèmes en précisant dans quel sens il faut prendre l’expression « dernière instance ». Ce qui ne va pas non plus sans problèmes, c’est la conception historico-matérialiste de l’idéologie – problèmes que Francis Kaplan met longuement en évidence.

Fosca Mariani Zini : La pensée de Ficin. Itinéraires néoplatoniciens

Vrin - Octobre 2014 - Bibliothèque d'Histoire de la philosophie


Marsile Ficin ne fut pas seulement le traducteur et le commentateur de Platon et des néoplatoniciens, comme Plotin et Proclus. Ce fut un philosophe à part entière, qui puisa de manière créative aux ressources de la tradition platonicienne pour résoudre les questions agitées dans la Florence de son temps ou héritées de discussions universitaires médiévales. Il élabora sa pensée à partir des possibilités conceptuelles inédites offertes par la philosophie de l’Un pour repenser l’ontologie.
Cette monographie analyse l’originalité et la cohérence de sa philosophie aussi bien sur le plan métaphysique qu’anthropologique, répondant ainsi à l’exigence d’une étude systématique qui fait défaut depuis longtemps. On y examine autant la spécificité du projet ficinien de renouvellement philosophique et religieux que les aspects qui dévoilent sa profonde incompatibilité avec le christianisme.

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dimanche 26 octobre 2014

Matthieu Renault : L'Amérique de John Locke. Colonialisme et géopolitique de l'entendement

Editions Amsterdam - 21 octobre 2014


Farouche adversaire de l’absolutisme, défenseur de la tolérance religieuse, père fondateur du libéralisme, John Locke (1632-1704) est une figure canonique de l’histoire de la pensée politique européenne. Il a forgé son œuvre au cœur même des batailles politiques qui agitaient l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle et qui menèrent à la Glorieuse Révolution de 1688.

Ce que l’on sait moins, c’est que Locke a également eu une très riche carrière coloniale au service de l’expansion anglaise en Amérique. Sa philosophie constitue le moment inaugural d’une histoire au cours de laquelle allaient être inextricablement noués libéralisme et colonialisme, construction étatique et formation impériale. Elle révèle également les relations intimes qui ont uni épistémologie et politique depuis la découverte du Nouveau Monde. L’Amérique de John Locke entend mettre en évidence l’émergence d’une géopolitique de la connaissance avec laquelle nous sommes encore loin d’avoir fini.

Sandrine Alexandre : Évaluation et contre-pouvoir. Portée éthique et politique du jugement de valeur dans le stoïcisme romain

Editions Jérôme Millon - 21 octobre 2014 - Collection : HOROS


Comment ne pas être affecté par le cours des choses qui peut toujours léser notre corps, nos proches, un éventuel patrimoine et contrarier nos projets? Telle est la question, devenue antienne, à laquelle les stoïciens répondent de manière inédite et brutale en leur temps, en élaborant un véritable «dispositif d’évaluation». Il s’agit d’apprécier les choses à la juste valeur que détermine une axiologie tout aussi radicale que contre intuitive, puisqu’elle exclut de considérer comme des biens ou comme des maux, tout ce que généralement on dénomme et considère ainsi: la santé et la maladie, la vie et la mort, la richesse et la pauvreté, le plaisir et la peine.
Vieille lune des études stoïciennes dira-t-on? Pourtant, comment comprendre que le seul jugement de valeur, en l’occurrence une appréciation stoïcienne du monde qui semble frôler le jeu de langage, puisse être le ressort d’une «vie heureuse»? Est-il d’autre part possible – et comment – de penser contre l’opinion commune et, dans une certaine mesure, contre soi? Le désarroi généralisé et les dissensions perpétuelles que dénoncent épictète et Marc Aurèle permettent d’en douter. Et quand bien même parviendrait-on à penser autrement, n’est-il pas politiquement contestable ou du moins discutable, de prôner, au nom d’une indépendance individuelle radicale, un conservatisme non moins radical?
À travers le traitement de ces questions on se propose en outre de contribuer à réévaluer la portée politique de la pensée stoïcienne, et de jeter, peut-être, l’ombre d’un soupçon sur le statut et la pertinence des nombreuses réappropriations contemporaines dont font l’objet les stoïciens romains.

Collectif : Théorie critique de la crise

Editions Le Bord de l'eau - 21 octobre 2014


Le second volume consacré par la revue ILLUSIO à l'actualisation de la Théorie critique porte essentiellement sur la thématique de la culture dans son sens le plus large, de l'actualisation de la notion de production industrielle des biens culturels aux catastrophes technoscientifiques contemporaines et en devenir, en passant par l'épuisement de la pensée et de l'éducation comme moments fondateurs de toute résistance à la massification de la société. L'analyse de la crise sociétale généralisée (déclinée sous ses multiples dimensions), entreprise dans le premier volume, Ecole de Francfort, controverses et interprétations (n° 10/11, septembre 2013, épuisé), est ainsi approfondie en même temps que sont discutées et altérées les notions centrales de la théorie critique issue de l'Ecole de Francfort.

Marcel Conche : Sur Épicure

Encre Marine - 21 octobre 2014


Dans mon ouvrage Lucrèce et l'expérience (éd. Seghers, 1967, rééd. PUF, 2011), j’ai exposé le système d’Épicure. Ce travail a été complété en 1977 par l’édition des Lettres et maximes d’Épicure (éd. de Mégare, puis PUF en 1987). J’ai éprouvé le besoin de préciser certains points concernant le plaisir selon Épicure, en particulier le droit fondamental à une mort naturelle. S’y sont ajoutés, cette même année, le texte sur « Nietzsche et Épicure », et un texte moins historique que proprement philosophique (et personnel) « Avec et sans Épicure », où est indiqué ce que serait une société naturelle selon Épicure. Les textes « Pascal et Lucrèce [Épicure] » et « Être Épicuriens aujourd’hui » viennent en complément.
M.C.

Marcel Conche vient de republier récemment Le sens de la philosophie chez Encre marine.

Lucien Sève : Penser avec Marx aujourd'hui, Tome 3. La philosophie ?

La Dispute - Septembre 2014 - Essais


« Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe est de le transformer. » Ce livre montre comment Marx a bouleversé la pensée philosophique et ainsi inauguré une nouvelle intelligence critique du monde pour sa possible transformation révolutionnaire. 

Ce troisième tome de Penser avec Marx aujourd'hui après Marx et nous et «L'homme» ?, expose pour la première fois en son ensemble et de façon approfondie le réseau de catégories -d'essence à subjectivité, de matière à conscience, de possibilité à liberté -, cette «logique du Capital» qui constitue l'essentiel apport philosophique marxien pour penser et pour agir. Puis deux longs chapitres examinent de façon très innovante ce que veut dire à cette lumière penser en matérialiste et penser de façon dialectique.

Lucien Sève, philosophe, auteur d'une vaste oeuvre centrée sur la pensée-Marx en sa visée communiste, dessine ici un portrait foncièrement renouvelé de Marx philosophe et explique en quel sens précis, alors que «la philosophie» est terminée, un travail philosophique est plus que jamais exigible pour mener à bien toute grande tâche scientifique ou politique. 

A l'heure où l'oeuvre de Marx entre enfin au programme de l'agrégation de philosophie, ce livre rend accessible à tout lecteur motivé une magistrale et systématique introduction à sa lecture.

samedi 25 octobre 2014

Laurent Fourquet : Le moment M4. Comment l'économie devint une divinité mystérieuse

François Bourin - 23 octobre 2014 - Collection : Penser le monde


Comment en sommes-nous venus à croire que les choses valent véritablement leur prix et que leur valeur varie effectivement avec leur prix ? L'auteur nous invite à parcourir l'histoire de la notion de valeur dans la science économique, depuis Aristote jusqu'aux interprétations les plus récentes des bulles spéculatives.
Au terme de cette exploration magistrale, il décrit notre moment théorique de la valeur, et son modèle, qui depuis quelques décennies ont pris possession de l'économie réelle : le Moment M4 où, désamarrée de toute référence à la physique des choses, l'économie se prévaut de sa capacité magique à donner de la valeur au rien et à dévaloriser ce qui, hier, valait tout.
Derrière le mirage de la plasticité infinie de l'économie, un autre paysage, bien plus sombre, se laisse toutefois entrevoir celui d'un monde gouverné par l'arbitraire de l'argent, et, à travers l'argent, par le souci obsessionnel de la consommation du monde au profit d'une classe nouvelle, l'hyperbourgeoisie.


Fabienne Brugère : Qui a peur des philosophes ?

Bayard - 23 octobre 2014


Entretien avec Elodie Maurot 

En mars dernier, la philosophe Fabienne Brugère devait intervenir lors de la journée nationale de formation des délégués diocésains à la pastorale familiale. Elle devait prendre la parole sur le thème du care, "Prendre soin de l'autre, un appel lancé à tous", une façon de faire retomber les passions internes à l'Eglise catholique après les débats tendus sur le mariage pour tous. La pression de sites traditionalistes dénonçant l'invitation d'une femme "connue pour être adepte de l'idéologie de Judith Butler" et de la théorie du genre, a finalement contraint Mgr Brunin, président du conseil famille et société de la Conférence des évêques de France, a annulé sa venue, reconnaissant que les conditions d'un dialogue serein de l'Eglise avec la société n'était pas réunies. Cette décision a été critiquée par une partie de l'épiscopat, qui y voit une reculade sous la pression d'une minorité érigée en police de la pensée. Comme le soulignait Dominique Greiner dans La Croix, l'église ratait là une belle occasion de montrer qu'elle est avant tout conversation et que le dialogue avec les représentants de la pensée contemporaine fait partie de sa mission. Dans un entretien avec la journaliste Elodie Maurot, Fabienne Brugère revient, en philosophe, sur la violence des attaques qu'elle a alors subies. Au-delà du conflit classique entre foi et raison, ce qui est devenu "l'affaire Brugère" pose de nombreuses questions sur l'état de notre démocratie et du débat d'idées en France aujourd'hui. Et sur la peur que la philosophie inspire toujours aux extrémistes de tous genres.


Angélique Gaillon Jacquel : Cueillir l'instant avec les Epicuriens

Eyrolles - 23 octobre 2014 - Collection : Vivre en philosophie


La philosophie d'Épicure et de ses successeurs est avant tout une philosophie qui vise un but éthique : rendre heureux celui qui la pratique. Cependant, elle fait l'objet d'un vaste malentendu. Chacun pense la connaître, la réduisant au célèbre « carpe diem ». Mais Epicure est un penseur de l'austérité et de la pauvreté volontaire. « Cueillir le jour », certes, mais à condition que ce « jour » soit réduit à ce qui peut le moins manquer, au strict nécessaire. La pensée d'Epicure, trop « connue » et très méconnue, donne lieu à de nombreux contresens. Nous vivons, selon Epicure, sous l'emprise de la peur, de notre désir insatiable et de notre imagination. Comment leur imposer des limites sans entamer notre liberté ? En quoi la mort n'est-elle « rien pour nous » ? Pourquoi l'éthique épicurienne repose-t-elle sur la notion de plaisir ? Qu'est-ce que le calcul des plaisirs et comment le pratiquer ? En quoi l'amitié donne-t-elle sens à l'existence ? Les réponses d'Epicure à ces questions, entre autres, nous permettent de mener notre vie vers un bonheur accessible.


Richard Pedot : Ah, Bartleby ! Ah, philosophie ! Une rencontre critique

Presses Universitaires du Mirail - 23 octobre 2014 - Collection : Philosophica


Le point de départ de cet essai est les lectures qu’ont proposées trois philosophes contemporains (Deleuze, Agamben, Derrida) d’un texte important des lettres américaines, la nouvelle d’Herman Melville, Bartleby the Scrivener, dont l’énigme continue de défier l’interprétation. La fascination exercée sur les philosophes par la figure de Bartleby, le scribe qui «préférerait ne pas», n’est plus à démontrer mais reste à interroger. Elle témoigne d’un seuil critique entre deux champs conjoints et séparés par l’activité d’interprétation : le littéraire et le philosophique. Entre les deux, comme la fascination le laisse deviner, existe un partage secret, partage d’un secret qui n’est autre que ce partage. La fascination, en effet, n’est pas censée définir l’approche philosophique de la littérature, qui se devrait plutôt d’observer une distance maîtrisée face à son objet. Ce travail par conséquent se propose de mener conjointement deux lectures (littéraire et philosophique) sans se réduire à aucune des deux. La démarche adoptée ne consiste pas à lire tour à tour les commentaires philosophiques avec ou face à Bartleby ni à les confronter entre eux systématiquement. Elle part de questions ou de catégories qui appartiennent plutôt au champ de la critique littéraire mais qui sont immédiatement remises en jeu par leurs croisements avec les interrogations de la philosophie et renégociées dans la confrontation au texte de fiction.


Martin Heidegger : Phénoménologie de l'intuition et de l'expression: Théorie de la formation des concepts philosophiques

Gallimard - 23 octobre 2014 - Collection : Bibliothèque de Philosophie - OEuvres de Martin Heidegger


Traduction de Guillaume Fagniez

Prononcé au semestre d'été 1920, ce cours témoigne de la façon dont Heidegger s'approprie la phénoménologie dans les débuts de son enseignement à Fribourg. C'est au nom de la vie qu'il la fait sienne, scellant ainsi d'entrée de jeu une divergence fondamentale avec le projet transcendantal de son fondateur Edmund Husserl. Tout converge dans cette phénoménologie de l'intuition et de l'expression vers l'unique " phénomène originaire " de la vie, et en premier lieu la méthode inventée pour s'en saisir : la " Destruktion phénoménologique ", qui s'y trouve exposée pour la première fois. Elle est aussitôt mise en oeuvre par le jeune Heidegger à l'égard des deux grands cadres d'interrogation qui occultent à ses yeux le phénomène de la vie, le problème de l'a priori et celui du " vécu ". L'examen critique du premier est l'occasion d'un démantèlement minutieux de la signification théorique et épistémologique du concept d'histoire au profit de son sens comme dimension immanente et constitutive de la vie même. Le second est le théâtre d'une confrontation inédite avec deux grandes psychologies philosophiques contemporaines, celles de Paul Natorp et de Wilhelm Dilthey. L'enjeu en est, indissociablement, l'appréhension non objectivante du soi et la détermination du sens de la philosophie elle-même. Le cours de 1920 apparaît ainsi tout à la fois comme une pièce maîtresse de la phénoménologie de la vie des premières années fribourgeoises de Heidegger et comme un jalon majeur sur le chemin de la future " analytique existentiale ".

Didier Dumarque : Philosophie de la Shoah

L'Age d'homme - Octobre 2014 - Coll. Libelle



Penser une philosophie de la Shoah consiste à donner à voir la Shoah dans ses structures. Structures de la modernité qui désintègrent et obligent à un réexamen de la question de la modernité, de l’homme, de l’existence, du langage et même de l’Être.

Une philosophie de la Shoah est développée par certains des rescapés des camps et par les morts qui ont pu laisser un témoignage. « Elle constitue leur grandeur tragique, leur part d’immortalité, la part d’immortalité de tous les morts qu’on ne pourra jamais enlever, ni avec des fusils, du gaz d’échappement ou du zyklon B ; ni en les enterrant, en les mettant dans des fours crématoires ou en les transformant en engrais. »

Ainsi s’édifie une nouvelle civilisation, un nouveau Sinaï, dont on n’a pas pris la mesure, la démesure qui désintègre le monde au profit de l’immonde. Optique qui donne à voir, non système dogmatique. Cette optique opère la synthèse des grands textes philosophiques (Adorno, Heidegger, Arendt), littéraires (Levi, Pahor, Rousset, Hilsenrath, Borowski, Kertész), sociologiques (Bauman), historiques (Hilberg) et des œuvres autour de la Shoah (Lanzmann, Olère).

Si le devoir de mémoire cache les structures de la Shoah, c’est parce que la modernité y voit son propre reflet. La Shoah, comme événement historique, renverse la figure classique de la civilisation occidentale, c’est-à-dire grecque et hébraïque, par l’entremise de l’essence de la technique qui trouve son paroxysme dans la chambre à gaz.

Prendre la mesure du problème de la Shoah : une philosophie de la Shoah.

Didier Durmarque est professeur de philosophie à Louviers dans l’Eure (France). Il a déjà publié Féerie pour un rien (2002), Moins que rien (2006) et La Liseuse (2012). 

mercredi 22 octobre 2014

David Lapoujade : Deleuze, les mouvements aberrants

Les Editions de Minuit - 16 octobre 2014 - Collection : Paradoxe

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Pourquoi intituler cette étude : Deleuze, les mouvements aberrants ? C'est que, au premier abord, sa philosophie - et celle construite avec Félix Guattari - se présentent comme une sorte d'encyclopédie de mouvements aberrants. C'est ce qu'il a cherché dans le cinéma, dans la peinture, la littérature, les sciences, dans l'histoire des sociétés, dans la philosophie, et partout. Ainsi par exemple, les déformations des figures de Francis Bacon, les non-sens de Lewis Carroll, les lignes destructrices et créatrices des populations nomades à travers l'histoire, la démence du système capitaliste, les processus schizophréniques qui forment l'inconscient, toutes les forces qui traversent la vie et la pensée. Voilà ce qu'il faut d'abord expliquer : la présence de ces mouvements aberrants Mais on ne peut pas s'en tenir là. La philosophie ne peut pas se contenter de les décrire ou d'en dresser la carte, elle doit rendre raison de ces mouvements. D'où un deuxième aspect, tout aussi important : il faut produire les logiques irrationnelles de ces mouvements aberrants. C'est l'une des grandes nouveautés de l'oeuvre de Deleuze et Guattari : créer de nouvelles logiques, loin des modèles rationnels classiques, mais aussi loin de modèles contemporains, comme le marxisme ou le structuralisme orthodoxes des années 1960-1980. Mais ces logiques n'ont rien d'abstrait, au contraire : ce que veulent faire Deleuze et Guattari, c'est dégager les logiques de tous les modes de peuplements de la terre. Par peuplement, il ne faut pas seulement entendre les populations humaines, mais les populations géologiques, animales, cosmiques ou encore les populations mathématiques, esthétiques, philosophiques qui peuplent la pensée des hommes. Quelle est la logique de tous ces peuplements ? Poser une telle question, ce n'est pas seulement demander des explications, mais exiger des justifications. Par exemple, pour le capitalisme : de quel droit se déploie-t-il sur la terre ? De quel droit s'approprie-t-il nos cerveaux pour le peupler d'images et de sons ? De quel droit asservit-il les corps ? Aux logiques que le capitalisme met en oeuvre, ne faut-il pas opposer d'autres logiques, celles justement des mouvements aberrants ? Dès lors, la philosophie devient inséparable de combats contre toutes les formes d'organisation - politique, sociale, philosophique, esthétique, scientifique - qui tentent de nier, de conjurer, d'écraser l'existence de ces mouvements aberrants. Ce sont ces questions que cette étude examine, en proposant une traversée de toute la philosophie de Deleuze.  

Alexandre Soljenitsyne : Le Déclin du courage

Les Belles Lettres - 21 octobre 2014 - Collection : Le goût des idées

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En bref: Dans un discours resté mémorable, le prix Nobel de littérature (1970) condamne les deux systèmes économiques – le communisme et le capitalisme, et dénonce surtout la chute spirituelle de la civilisation.
Prononcé devant les étudiants de Harvard le 8 juin 1978, Alexandre Soljenitsyne, expulsé 4 années plus tôt de l'Union Soviétique, à la suite de la publication de son livre L'Archipel du goulag où il dénonce les abus du système concentrationnaire soviétique, va prononcer un discours resté mémorable dans les murs de la prestigieuse université américaine d'Harvard, haut lieu de la formation des élites du monde entier. Dénonçant les deux régimes alors dominants, communisme et capitalisme, ce discours aux accents prophétiques n'a rien perdu de son actualité et de sa profondeur.

Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne est né le 11 décembre 1918 à Kislovodsk (Russie). Mobilisé en 1941 dans les rangs de l'Armée rouge, il est arrêté à la veille de la victoire pour avoir prétendument insulté Staline dans une lettre à un ami, et purge huit ans de détention et trois de relégation. Libéré en 1956, et réhabilité, il enseigne les mathématiques et la physique dans des écoles de campagne, et surtout veut témoigner. En 1962, la parution d'Une journée d'Ivan Denissovitch, peinture véridique de l'univers du Goulag jusque-là tabou, révèle un écrivain au monde entier. Le Premier Cercle puis Le Pavillon des cancéreux assureront la gloire de Soljenitsyne. Le prix Nobel de littérature lui est décerné en 1970. Il l'accepte, déchaînant une tempête d'injures dans la presse soviétique, et se remet au travail, commençant à écrire l'épopée qu'il intitulera plus tard La Roue rouge, histoire romancée de la Révolution russe. En décembre 1973, paraît à Paris (en version russe) L'Archipel du Goulag, terrible condamnation de la répression exercée en Union soviétique sur des millions de citoyens et des peuples entiers. Le scandale est énorme: en février 1974, Soljenitsyne est déchu de sa citoyenneté et expulsé de son pays. Il se fixe d'abord en Suisse, puis aux Etats-Unis, dans le Vermont, où il poursuivra l'écriture de La Roue rouge. A la chute de l'URSS, sa nationalité lui est restituée et il rentre en Russie, près de Moscou, où il vivra jusqu'à sa mort, survenue le 3 août 2008.

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Pierre Rosanvallon : Science et Démocratie. Colloque 2013

Odile Jacob - Octobre 2014

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Gaz de schiste, OGM, énergie nucléaire, cellules souches, changement climatiq ue, efficacité des médicaments... La science, plus que jamais, suscite la méfiance, voire la défiance, des citoyens. Pour une large part, cela vient d'une incompréhension de ce qu'est la démarche scientifique. « À l'occasion du colloque de rentrée du Collège de France organisé à l'automne 2013, des scientifiques, des historiens, des juristes et des politiques se sont attachés à analyser et à clarifier les enjeux technologiques et scientifiques, en s'appuyant sur des exemples concrets au coeur des débats les plus actuels : comment aborder dans une société démocratique le problème du renouvellement des énergies et du remplacement des énergies fossiles par des formes d'énergie moins polluantes, ou celui qui lui est lié du réchauffement climatique, ou encore celui des thérapies géniques, en utilisant de la façon la plus rationnelle possible ce que la science nous apprend, pour optimiser la réponse de la société aux défis qui lui sont posés ? » S. H 

Auteurs : Serge Haroche , prix Nobel de physique, est administrateur du Collège de France et titulaire de la chaire de Physique quantique. Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d'Histoire moderne et contemporaine du politique. Contributions de Yves Bréchet, Steven Chu (prix Nobel de physique), Marc Fontecave, Roger Guesnerie, Jean Jouzel, Philippe Kourilsky, Nicole Le Douarin, Hervé Morin, Helga Nowotny, Dominique Pestre, Alain Prochiantz, Yves Sintomer, Alain Supiot et Bernard Tardieu. 


Collectif : Annales bergsoniennes, VII

PUF - Octobre 2014 - Coll. Epiméthée

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Ce septième volume des Annales bergsoniennes, qui paraît dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, ne constitue pas seulement une contribution à une commémoration, mais est aussi l'occasion d'un effort historique et philosophique de synthèse et de contextualisation du rôle de Bergson pendant cette période. En effet, le philosophe fut à la fois un témoin et un acteur de ce conflit. Le statut exact des discours de guerre, l'émergence lente et progressive de la distinction entre clos et ouvert qui ne prendra son sens définitif que dans Les Deux Sources de la morale et de la religion , le destin ultérieur du bergsonisme tant dans son élaboration interne que dans sa diffusion après 1918 et jusqu'à nous sont, parmi d'autres, les enjeux auxquels un tel livre se devait de se confronter directement.
Toutefois, le cas de Bergson interdit de séparer, d'une part, la relation qui fut la sienne à la Première Guerre mondiale, et, d'autre part, sa relation à l'Allemagne, à la philosophie et à la culture allemande en général. Les deux aspects sont étroitement liés, c'est pourquoi le présent volume contient outre un dossier inédit « Bergson et la guerre de 1914 » quatre contributions majeures de philosophes, biologistes et sociologues allemands face à la réception du bergsonisme en Europe (Driesch, Scheler, Simmel et Horkheimer), ainsi que la réédition d'une recension consacrée à un ouvrage sur Kant par le jeune Bergson.

Arnaud François, maître de conférences à l'université Toulouse II-Le Mirail et secrétaire de la Société des amis de Bergson ; Nadia Yala Kisukidi, agrégée et docteure en philosophie, assistante en éthique à l'université de Genève ; Camille Riquier, maître de conférences en philosophie à l'Institut catholique de Paris ; Caterina Zanfi, rattachée à l'université de Bologne et au centre Marc Bloch (Berlin), enseigne la philosophie au Spring Hill College Italy Center (Bologne).  
 

samedi 18 octobre 2014

Philippe Danino : Le meilleur ou le vrai. Spinoza et l'idée de philosophie

Publications de la Sorbonne - 16 octobre 2014 - Collection : La philosophie à l'oeuvre

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Accusé par un correspondant de considérer sa propre philosophie comme la meilleure de toutes, Spinoza rectifie : il sait seulement qu’est vraie celle qu’il comprend. Mais on ne trouvera chez lui ni réelle thématisation ni véritable définition de l’idée de philosophie, pas plus qu’un programme des connaissances comme s’appliquent à en dresser Bacon, Descartes ou Hobbes. Cet ouvrage enquête alors sur la présence, chez Spinoza, d’une conception précise voire singulière de l’idée de philosophie. Il collecte les indices d’une telle idée conçue comme praxis de distinction ou, selon l’expression Althusser, comme activité de tracer des lignes de démarcation. Mais il établit encore que la philosophie prend elle-même sens en ce geste, et seulement en ce geste, c’est-à-dire par le biais de relations nécessaires avec ce qui a priori n’est pas elle : le vulgaire, l’ignorant, le théologien, le souverain ou même d’autres philosophes. L’idée de philosophie, en d’autres termes, s’autoproduit dans un système de rencontres singulières. En analyser les fruits permet alors de recomposer la nature de la «vraie philosophie» : une pratique de production d’idées et de leur communication. Mais se fait jour, en outre, comme un naturel philosophe, effort s’éprouvant selon une réjouissance propre au «vrai philosophe», déjà sage en vertu de son mouvement de se perfectionner et d’accroître sa puissance.  

Jean-Vincent Holeindre (dir.) : Le pouvoir; Concepts, lieux, dynamiques

Editeur : Editions Sciences Humaines - 2 octobre 2014 - Collection : Ouvrages de synthèse

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Le pouvoir a longtemps été conçu comme un bien détenu par certains individus ou certains groupes sociaux. Des expressions telles que « conquérir », « prendre le pouvoir » reflètent cette idée. Qui détient vraiment le pouvoir : les gouvernants ? la finance mondiale ? tel ou tel groupe social ? Sous quelle(s) forme(s) s’exerce-t-il ? Autant d’aspects que les sciences humaines ont largement explorés depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, le pouvoir s’analyse plutôt en termes de relations – de domination, d’influence, d’autorité… – entre gouvernants et gouvernés, entre groupes sociaux ; relations d’autant plus complexes qu’elles s’inscrivent dans un contexte mondialisé et diffus.

Cet ouvrage donne des clefs pour appréhender au mieux les différentes formes de pouvoir, des rapports entre individus aux relations internationales. Après avoir présenté les principaux concepts liés à la notion de pouvoir ainsi que les auteurs majeurs, il examine les dynamiques à l’œuvre, à travers les différents lieux de pouvoir (État, famille, groupes d’intérêt, organisations internationales, médias…). Enfin, il fait état des nouveaux débats sur ce sujet : assiste-t-on à un déclin des institutions ? Comment se recompose le pouvoir dans les démocraties contemporaines ? Quelles formes de gouvernance mondiale se dessinent ?

Avec les contributions de : D. Allès, R. Balme, R. Baumert, J.-L. Beauvois, D. Bertrand, L. Blondiaux, C. Bouillaud, P. Braud, S. Cadiou, G. Chantraine, Y. Déloye, V. Despret, A. Dézé, E. Enriquez, S. Fath, A. Faure, J.-P. Gaudin, M. Godelier, J. Joana, R.-V. Joule, P. de Lara, J. Laroche, T. Lindemann, B. Loveluck, J. de Maillard, J.-L. Missika, E. Neveu, M. Offerlé, F. Petiteville, F. Ramel, M. Revault d’Allonnes, P. Rolland, P. Rosanvallon, L. Rouban, F. Sawicki, Y. Surel, P.-H. Tavoillot, É. Tran, A.-C. Wagner.

jeudi 16 octobre 2014

Collectif : Philosophie, science-fiction ?

Ouvrage dirigé parFlorence Albrecht-Desestré, Estelle Blanquet, Jean-Luc Gautero & Éric Picholle
Éditions du Somnium, Enseignement & Science-Fiction, ESF 3 - Octobre 2014




La science-fiction, ses thèmes et ses esthétiques occupent désormais une place centrale dans notre imaginaire collectif, et en particulier dans celui des jeunes.
Riche d’outils pédagogiques novateurs et transdisciplinaires, elle s’enracine progressivement dans le monde de l’enseignement.

La philosophie était la discipline-pivot de la troisième édition des Journées Enseignement & Science-Fiction de l’ESPE de l’Académie de Nice Célestin Freinet.
Celles-ci ont permis d‘explorer en profondeur les liens qu‘entretiennent philosophie et fiction, des mythes platoniciens aux plus récentes variations badiousiennes, de la philosophie analytique à la phénoménologie de l‘imagination. Elles ont aussi montré par l’exemple combien, en philosophie comme dans bien d’autres disciplines, la science-fiction constitue un outil pédagogique de choix.

Ces actes intéresseront les enseignants désireux de renouveler et d’enrichir la rencontre de jeunes esprits avec certaines notions réputées abstraites, mais aussi tous ceux qui cherchent à élargir leur approche didactique, ainsi que les étudiants aspirant à enseigner la philosophie ;et, bien sûr, tout lecteur passionné par les enjeux des ouvrages de science-fiction !